samedi 2 mai 2015

Escapade à Porto, 4

Après la très belle étape à Coimbra, retour sur Porto. Cette ville ne s'appréhende pas en deux jours... Comme il existe un grand nombre d'églises baroques, j'ai poursuivi mes visites en les découvrant les unes après les autres dans des quartiers où peu de touristes s'aventurent, se concentrant sur les quais de la Ribeira, avec ses terrasses de bar, ses étalages de souvenirs et les vendeurs de promenade en bateau sur le Douro. Je crois que le vrai Porto se situe dans les rues très étroites avec des immeubles rénovés et aussi abandonnés par les habitants, noircis par l'humidité et l'ombre. J'ai appris que Porto avait perdu 30 % de sa population. Beaucoup de jeunes partent travailler en France, en Allemagne et en Angleterre. Certains portuans ont préféré le confort des appartements en banlieue, très bien desservie par le métro. Il reste donc beaucoup d'anciens à Porto, ce qui donne aussi à la ville une tranquillité sereine, une convivialité appréciable car j'ai souvent entamé des conversations avec certains d'entre eux quand ils parlaient un peu en français. Un grand plan de rénovation s'est mis en place depuis cinq ans pour sauver les vieux immeubles en ruines. De rue en rue, il faut lever les yeux pour cibler des détails infimes : des décorations en azulejos, des statues religieuses, des balcons en fer forgé, des terrasses-jardins, des façades art nouveau des magasins. Et toujours les mouettes dans le ciel, comme des signatures vivantes avec leurs plumes blanches et leur bec jaune... Un matin, je me suis dirigée vers une librairie ancienne et quand j'ai poussé les portes, je me trouvais dans un cabinet de curiosités, rempli de livres mais aussi d'objets d'écriture, de musique, dans des vitrines au milieu du magasin. J'ai demandé des ouvrages sur le grec ancien et le libraire m'a entraînée dans le sous-sol, une vraie caverne, où s'entassaient des milliers de livres. La majorité étaient de langue portugaise mais pour mon grand plaisir, j'ai découvert le dictionnaire grec-français de Bailly, édition 1901, et "La pensée grecque" de Léon Robin, édition 1925. Je suis repartie avec ses deux ouvrages en me demandant comment ils avaient atterri dans cet endroit... Le dictionnaire appartenait à une certaine Maria Da Graça Bessa. Qui était cette femme qui apprenait le grec ancien au début du siècle ? Je ne le saurai jamais. Dès que j'aperçois une librairie ancienne, j'aime me plonger dans cette ambiance de chercheur d'or. Porto recèle des pépites qu'il faut dénicher, hors des sentiers battus et rien ne vaut cette déambulation hasardeuse dans les rues labyrinthiques. Il ne faut pas quand même bouder les clichés touristiques : j'ai pris le bateau rabelo pour me balader sous les ponts de Porto, j'ai pris le téléphérique et le funiculaire pour admirer le paysage urbain. J'ai utilisé le tram, le train, le bus, le taxi. Et c'est dans les transports urbains que l'on devine la vie quotidienne des citadins.  Je ne prends jamais le car à touristes, trop facile à mes yeux pour découvrir une ville qui se... mérite !