vendredi 5 mai 2017

Prague, 1

Après Rome, je pars à Prague dès le lendemain des élections. Comme d'habitude, je prépare mon escapade avec des livres. Les guides m'aident à organiser mon séjour du lundi au vendredi. Evidemment, je n'ai pas à choisir tel ou tel musée ou site car je dispose de temps pour visiter la ville sans me bousculer... Le Routard, le guide Voir Hachette, le cartoville me sont toujours fort utiles pour apprendre l'essentiel. J'établis aussi des fiches par quartier pour noter toutes les églises, les monuments, les places, etc. J'ai aussi appris beaucoup sur la culture tchèque et j'avoue que je ne connaissais pas les sculpteurs célèbres et les peintres modernes (à part Toyen et Kupka). La ville qui m'attend, semble posséder un charme envoûtant qui trouble pour longtemps les visiteurs. Peut-être vais-je encore rencontrer trop de touristes surtout en mai... Je tenterai de chercher des lieux moins fréquentés, plus discrets ou secrets. Je rêve certainement... Pendant ces derniers quinze jours, j'ai commencé à me plonger dans l'atmosphère pragoise. J'ai lu "Praga magica" d'Angelo Ripellino, édité chez Plon dans la belle collection, "Terre humaine". Cet ouvrage documentaire est sorti en 1973 en Italie et traduit vingt ans plus tard en France. Ce livre baroque relève de "l'essai d'anthropologie culturelle" où l'écrivain italien démêle les influences tchèque, allemande et juive dans la capitale pragoise. On y croise les écrivains, les rois, les intellectuels ayant joué un rôle majeur dans le pays. Parfois, on s'y perd un peu à cause des multiples références historiques et littéraires. J'ai surtout apprécié les portraits de Kafka, de Rodolphe II et de la culture surréaliste de Prague. Golem, astrologie, Arcimboldo, Ruelle d'or, Pont Charles, le Château, la Moldau, Jean Hus, les statues, reviennent dans le texte comme un leitmotiv lancinant et chatoyant... J'ai aussi relu un roman de Milan Kundera, "Le livre du rire et de l'oubli" que j'avais beaucoup aimé à l'époque (1978). Et je me suis souvenue de la chape de plomb que représentait le communisme avec des milliers de tchèques partis en exil et de tous ceux qui ont été dans les camps. Milan Kundera que j'admire beaucoup est venu en France en 1975 et raconte dans ce roman-récit l'ambiance totalitaire du pays qui pourchassait les intellectuels comme en URSS. Avec son humour dévastateur, il dénonce la naïveté de tous ceux qui croient à "l'idylle" idéologique... J'étais heureuse de retrouver cet immense écrivain que je vais relire cet été... Dans ma valise, j'emporte le "Journal" de Kafka et le roman de Sylvie Germain, "La passante des rues de Prague". La littérature m'accompagne à tous moments et je pars aussi sur les traces de Kafka dont l'œuvre me fascine depuis très longtemps. Prague magique, Prague baroque, Prague littéraire, Prague Art nouveau, voilà la culture mosaïque de la capitale tchèque que je vais découvrir la semaine prochaine...