lundi 24 juin 2013

Maurice Nadeau, fin de partie

Un grand "bonhomme" de la vie littéraire s'en est allé à l'âge de 102 ans. Il incarnait la littérature, une littérature exigeante, originale et intelligente. Selon la notice nécrologique du journal "Le Monde", parue le mardi 18 juin, il était né à Paris, a connu une enfance modeste, pauvre même, ce qui explique son engagement politique du côté du trotskisme. Il consacra sa vie à la "Quinzaine Littéraire" depuis 1966, revue bimensuelle d'une qualité intellectuelle hors pair. Cette revue, austère et belle aussi, a informé des milliers de fidèles, amateurs littéraires, assoiffés de textes, curieux d'histoire, de psychanalyse, de politique, d'art, de poésie, de la littérature française et étrangère. On lui doit de nombreuses découvertes d'écrivains. Il a aussi créé sa maison d'édition en 1979 sous son nom. Je ne citerai que les plus connus comme Barthes, Perec, Sarraute, Lowry, Koestler, etc. Son œuvre personnelle compte de nombreux titres dont la célèbre "Histoire du surréalisme" en 1945, ouvrage qui fait autorité dans le domaine de la critique. Il faut aussi relire ses mémoires "Grâces leur soient rendues" en 1990. Avant de mourir, il s'est battu pour sauver sa revue de la faillite en lançant un appel aux lecteurs pour recueillir des fonds. Ce dernier combat symbolisait la passion de Nadeau pour la littérature, le fil conducteur de sa vie. Jusqu'au bout de sa vie, il a animé la revue avec sa "gouaille" légendaire, son caractère affirmé, son militantisme anachronique. Que va devenir la revue sans lui ? Je note que les médias ont peu évoqué sa disparition. J'ai seulement entendu un journaliste de Canal + en parler. Je voulais rendre hommage à cet homme, un "dinosaure" d'une littérature moderne et d'avant-garde et pour ma part, je lui suis redevable d'une grande partie de ma "culture littéraire" formée par ce passeur merveilleux qu'était Maurice Nadeau.