lundi 6 septembre 2010

Retour sur Mai 68

J'ai parlé de mon professeur de philo quand j'étais lycéenne à Bayonne et ma soeur m'a donné un article du journal Sud-Ouest où je me suis reconnue dans la foule des manifestants devent l'Hôtel de ville. En ces temps de malaise social et de pertes d'acquis sociaux, souvenons-nous avec émotion de ce mois-là où la France entière s'est arrêtée de travailler, d'étudier, de subir. Quelle chance pour moi d'avoir vécu cette période pourtant si courte où la vie pouvait changer ! J'ai gardé dans ma bibliothèque de "bibliophile" trois petits bouquins dont je ne me séparerai jamais : "Les citations de la révolution de Mai" chez Pauvert, "Les murs ont la parole" chez Tchou, "A toi l'angoisse, à moi la rage", chez Edmond Nalis. Je picore quelques slogans qui n'ont rien perdu de leur actualité :
- "La révolution combat aussi pour la beauté. Aidez-nous pour chasser la laideur du monde"*
- "On ne compose pas avec une société en décomposition"
- "Je prends mes désirs pour des réalités, car je crois à la réalité de mes désirs"
- "Ne me libère pas, je m'en charge"
- "Ne changeons pas d'employeurs, changeons l'emploi de la vie"
- "Nous avons une gauche préhistorique" (tiens, tiens...)
- "Parlez à vos voisins"
- "Non, je ne digère pas, j'éclate"
Cet esprit de Mai 68, libre, joyeux, trépidant, poétique et audacieux a duré vraiment une fraction de secondes car tout s'est remis en place trop vite, la tradition a gagné mais ce petit mois de mai a semé beaucoup : le féminisme a jailli, la peine de mort a été abolie, les universités se sont ouvertes aux enfants d'ouvrier et d'employé, la démocratie a respiré...
Et j'ai suivi des études supérieures, la première de la fratrie et de toute la famille élargie. N'enterrons donc pas Mai 68, bien au contraire, que ce souffle perdure en nous malgré le temps qui passe.