jeudi 10 août 2017

Confidences sur la lecture, 1

J'entends souvent des amies me déclarer : "mais comment tu fais pour lire autant ?" : je leur réponds que je n'ai aucun mérite... J'ai toujours consacré du temps à la lecture qui en demande beaucoup. Quand je travaillais, je ne disposais que du soir et du week-end. Mais depuis que je suis à la retraite, je profite de tous les instants pour m'adonner à cette passion qui m'habite depuis mon enfance. Je me suis penchée sur ce goût immodéré pour les livres car, j'ai consacré toute ma vie à les "servir" en tant que libraire, bibliothécaire, et tout simplement lectrice. J'ai trouvé la réponse en pensant à ma mère qui volait du temps pour lire malgré sa vie prenante de commerçante. Je me souviens d'une chambre immense dont j'avais pris possession (mes parents s'étaient installés dans une grande maison avec un bar au rez-de-chaussée). C'était mon paradis caché, rempli de jouets, de mes poupées, de mes peluches. Cette chambre d'ami disposait d'un placard et dans cet espace assez grand, ma mère avait disposé toutes ces collections de revues et de livres. Je me souviens encore du nom de la revue : "A la page"... Quand on voit avec des yeux d'enfant ces objets de papier, leur empreinte dans notre "subconscient" laisse une marque indélébile. Les enfants qui naissent dans un milieu sans livres ont moins de chance de les aimer plus tard. Mes parents étaient très occupés par leur travail respectif sans compter leurs heures (plus de quinze par jour à cette époque) et ils ne venaient pas nous bercer le soir en nous lisant des albums... Ce n'était pas très courant de raconter des histoires à leurs petits, et en plus, ils travaillaient tous les soirs dans leur bar. J'ai donc découvert la lecture seule dans cette chambre quand j'ai ouvert le premier album de ma vie. Je me souviens d'un Babar... Quel moment magique de décrypter ces phrases écrites en gros caractères ! Depuis ce moment-là, j'ai senti que les livres m'accompagneraient toute ma vie... Dans les années 60, les enfants ne disposaient pas de tous les livres jeunesse d'aujourd'hui. Il existait des publications dans les maisons de la presse appelées "Illustrés" et j'en consommais beaucoup... Ils devaient être bien médiocres, ces illustrés, mais, pourtant, ils m'ont ouvert la porte d'un univers que je n'ai jamais quitté...