lundi 29 juin 2020

Philosophie Magazine

Le mensuel, "Philosophie Magazine", daté de juillet, s'intéresse ce mois-ci au "Goût de la vie". Après la crise épidémique, voilà une bonne question à se poser. Dans le dossier principal, la revue propose une analyse très intéressante de ce sujet si ample.  Epicure définissait le bonheur comme un état "ataraxique", où l'on n'éprouve ni douleur, ni joie, un mode de vie tranquille. Mais, cet idéal ne se pratique pas facilement car, nous dit Vincent Delacroix : "Il est relativement rare que nous n'ayons réellement aucun trouble, aucune agitation en nous". Tensions, frustrations, angoisse de la maladie, maux corporels, corvées diverses entament souvent notre humeur et si on ajoute le "cours des événements du monde", le tableau semble complet. Le philosophe mentionne aussi Socrate, Diogène Laërce et termine avec Clément Rosset, l'apôtre de la joie de vivre sans raison particulière comme si l'on possédait un talent né. Un tableau récapitule tous les formes du goût de la vie : les éthiques de la joie, les hédonistes chrétiens, les éthiques du bonheur et les éthiques du plaisir. Un troisième article propose "le sel du rituel" qui "scandent et magnifient nos journées. De la tasse de café aux mots croisés, de la cigarette à la méditation, six philosophes confient leurs manies. "L'épreuve du négatif renforce-t-elle notre appétit de vivre ?" , question essentielle exposée en particulier par Dorian Astor et François Jullien. Un dernier article concerne deux personnalités atypiques, Philippe Mangeot, ex-président d'Act Up et d'Annie Le Brun qui prônent l'esprit de subversion, un art libertaire de vivre face aux lourdeurs sociales. La revue ne s'intéresse pas seulement à ce "goût de la vie", sujet ô combien passionnant. J'ai lu avec beaucoup d'intérêt l'enquête sur le quartier sensible de la Villeneuve à Grenoble, une utopie urbaine qui se délite et se défait sous les yeux impuissants de certains militants à l'origine de ce projet du "vivre ensemble"... On peut lire aussi un reportage sur les Indiens d'Amazonie, un portrait de Sartre. Le cahier central présente l'œuvre d'une écrivaine japonaise du Xe siècle, Sei Shonagon, avec ses notes de chevet. Cette revue se lit donc avec un plaisir certain, stimule notre curiosité, apporte des connaissances en philosophie et s'adapte aux lecteurs(trcies) sans adopter un langage hermétique de bon aloi qui pourrait rebuter certains lecteurs(trices). Un très bon numéro de juillet.