mardi 9 janvier 2018

France Gall, une femme française

Quand j'ai appris le décès de France Gall, j'ai éprouvé un sentiment d'injustice. Frappée par une récidive de son cancer, elle est partie à l'âge de 70 ans. Je lui rends hommage dans ce blog car elle a symbolisé un certain esprit de liberté, de vitalité et de féminité  avec ses chansons composées par son complice, Michel Berger. Ce dimanche, toutes les chaînes de télévision ont montré les images emblématiques de sa carrière. Bien que ma culture musicale se soit tournée vers le classique et l'art lyrique, j'ai tout de même écouté les chansons de France Gall quand j'étais jeune dans les années 60. Je préférais pourtant Françoise Hardy et sa mélancolie amoureuse. Dans les années yé-yé, les chanteuses séduisaient les filles car elles étaient audacieuses, follement vivantes et devenaient des modèles pour beaucoup d'entre nous.  Les médias présentent la chanteuse comme la femme "de" certains chanteurs célèbres, mais peut-être serait-elle meurtrie d'être considérée de cette façon caricaturale. Quand on la voit chanter "Résiste", elle ne semblait pas vivre sous la domination masculine. France Gall semblait vivre loin du monde des paillettes, du bling-bling des "people". Ses malheurs personnels (la mort de son compagnon et celle de sa fille de 19 ans) l'ont éloignée de son public et elle soignait ses plaies vives au Sénégal, un pays qui l'avait accueillie avec bienveillance. Elle a milité pour la scolarité des enfants d'Afrique et contre la faim dans le monde. Au fond, elle représente l'antithèse d'une idole virile du rock, disparue récemment et pas du tout engagée dans les causes humanitaires. Pour lui, une messe médiatique à un million de fidèles. Pour elle, une cérémonie en privé. France Gall était surtout aimée par des femmes et des homos... Alors, bien que ses chansons aient bercé des générations de jeunes et d'adultes, France Gall part sur la pointe des pieds avec la discrétion légendaire des femmes... Elle portait un beau prénom, France, comme celui de ma mère. Elle représentait une certain pudeur, une certaine candeur, surtout à ses débuts quand elle chantait les sucettes à la menthe que Charles Gainsbourg avait composées avec sa lubricité légendaire... Ce monde des années 60 à 80 commence à montrer des signes d'effacement, et une femme comme France Gall a marqué notre jeunesse avec ses mélodies tendres, légères et aériennes ...