vendredi 18 janvier 2013

"Le Dormeur éveillé"

Je lisais ce "Dormeur éveillé" de J.-B. Pontalis quand j'ai appris sa mort sur Internet, me laissant incrédule. Cette coïncidence se vit rarement et même si on peut supposer que la vie peut s'interrompre à cet âge-là,  89 ans. La littérature ressemble à une planète d'Immortels et Pontalis nous accompagnait avec ses livres si singuliers. Je vous livre quelques repères biographiques, tirés de Wikipédia. Après des études de philosophie, il collabore à la revue Les Temps modernes, devient un ami de Sartre. Il devient professeur à Alexandrie (1948-1949), Nice (1949-1951) et Orléans (1951-1952). Il fait son entrée au CNRS et entreprend une analyse avec Lacan. En 1967, il écrit avec Laplanche un ouvrage très important, "Vocabulaire de la psychanalyse". Il devient éditeur et collaborateur dans le monde de la psychanalyse. Dans les années 80, il entre au comité de lecture des éditions Gallimard.  Son œuvre littéraire est très influencée par sa culture psychanalytique. En 1989, il crée la collection "L'un et l'autre" chez Gallimard. On peut trouver la liste de tous ses ouvrages dans le même article. (Un grand merci à cette encyclopédie gratuite et indispensable pour s'informer).
Quand j'ai terminé la lecture de cet essai, paru dans la très belle collection "Traits et portraits" en 2004, j'ai ressenti une grande admiration pour Jean-Bertrand Pontalis. Les chapitres courts et denses de cet ouvrage sont vraiment d'une finesse, d'une intelligence, d'une délicatesse, révélatrices de cette "imbrication" entre la littérature et la psychanalyse. Quand il parle d'une toile d'un peintre à Sienne, d'une visite à Venise, d'une amitié, d'une maison de famille, d'une rêverie, d'un songe, d'un écrivain, il nous offre des fragments de littérature qui se dégustent lentement en procurant un plaisir délicieux.
Je le cite : "Songes, rêves et rêveries dont naissent littérature, art et musique, si nous vous aimons à ce point, serait-ce parce que vous nous offrez une vie seconde et nous donnez pour un temps l'illusion de nous délivrer de la mort ?". Je pense que cette phrase résume la philosophie de J.-B. Pontalis, un très grand écrivain, trop méconnu du grand public...