mercredi 27 novembre 2013

Rubrique cinéma

Le film de Guillaume Gallienne, "Les garçons et Guillaume, à table !", se laisse voir avec plaisir et intérêt. Réalisateur et acteur, Guillaume nous offre une performance dans son double rôle de fils efféminé et de mère bourgeoise, autoritaire et tranchante. Guillaume se sent "fille" depuis qu'il est né. Ses deux frères ont bien une identité masculine conforme et normale : ils aiment le sport, possèdent un physique musclé, ne font pas de sentiment, etc. Des hommes parfaits comme son père.
Lui aime Sissi, le personnage le plus mièvre d'une féminité exacerbée jusqu'à se déguiser en jeune fille totalement kitsch. La mère à la personnalité forte et omniprésente désirait une fille, d'où le titre du film, "Les garçons et Guillaume, à table" tellement son Guillaume semblait vivre une vie à part dans une recherche identitaire féminine. Il part en Andalousie et apprend le flamenco comme une femme. Le monde masculin l'attire : il est envoyé dans une pension anglaise où il tombe amoureux d'un beau garçon mais cette attirance n'est qu'unilatérale. Le réalisateur raconte avec humour et cocasserie les quiproquos et les malentendus d 'un garçon à la recherche de son identité sexuelle. Ses tentatives d'intégration dans un milieu homosexuel "macho" ne font que le déstabiliser. Sa féminité désarmante l'éloigne des hommes, homos ou hétéros... Ce film dénonce avec humour et légèreté le malaise du conformisme sexuel et revendique un certain romantisme dans les relations amoureuses. Je ne dévoilerai pas le dénouement un peu surprenant,  va-t-il enfin rencontrer son âme sœur du côté des hommes ou du côté des femmes ? Ce n'est pas le grand film de l'année mais il a le mérite d'aborder la délicate et éternelle question de l'identité sexuelle, sujet à la fois psychologique, sociétal et philosophique. La lecture du film peut déboucher sur une analyse psychanalytique du rôle maternel dans la construction de la personnalité, mais on peut aussi prendre le film à la "légère" sans trop se poser de questions. Le réalisateur-comédien nous laisse le choix...