jeudi 14 avril 2022

Venise, terre d'églises

 Je ne fréquente pas régulièrement les églises même si j'ai reçu une éducation catholique traditionnelle dans mon enfance. Ces lieux conservent une dimension sacrée éminemment respectable. J'avais lu l'exquis ouvrage de Jean-Paul Kaufmann, "Venise à double tour" où il répertoriait les églises fermées dans la Sérénissime et évoquait avec humour et malice les trésors cachés des ces monuments religieux qui appartiennent pour l'éternité au paysage vénitien. Partout des clochers et des campaniles comme à Rome. La présence massive du culte catholique nous rappelle à toute heure l'influence de la religion dans les arts. Combien de tableaux sur la Vierge Marie ? Combien d'anges, d'angelots dans les plafonds des plus grands palais ? Combien de sculptures de saints et de saintes sur les toits des monuments ? Des centaines de signes religieux fleurissent dans le patrimoine vénitien. Ce labyrinthe de traces artistiques se situe dans les 126 églises dont certaines, évidemment, se sont transformées. J'ai revu celle du campo San Tomas, devenue une bibliothèque municipale et les fresques qui apparaissent sur les murs donnent un aspect sacré à cet espace laïque. Ce rapprochement entre le monde divin et le monde des livres me séduit beaucoup. L'église San Vidal est devenue une salle de concert. Encore un art religieux, la musique classique ! Les édifices religieux offrent le double intérêt de souvenirs historiques reculés et des merveilles artistiques. Le peuple vénitien a vraiment éprouvé une dévotion profonde. La plus grande d'entre elles, la Basilique Saint-Marc, bâtie en 1111, est la plus visitée avec ses files d'attente permanentes. Elle représente un mélange des styles byzantin, roman et gothique. Un passe Chorus permet de visiter les dix plus belles églises de Venise. J'en ai visité une bonne vingtaine dans ce voyage et j'ai surtout aimé celle du "Rédempteur" (Chiesa di Redentore) sur la Guidecca, bâtie par Palladio pour éradiquer l'épidémie de la peste au XVIe siècle. Et dans chaque édifice, un Tintoret par ci, un Tiepolo par là, un Palma le Jeune par ci, un Bellini par là. L'église San Giorgio Maggiore, située sur l'île du même nom, possède un campanile. J'ai pris un ascenseur pour atteindre le sommet et devant mes yeux, la Lagune et Venise, un panorama sublime. Le monastère jouxtant l'église était fermé mais j'ai vu du haut du campanile le labyrinthe baptisé "Borges" du nom de l'écrivain argentin. Encore la présence de la littérature dans ce lieu exceptionnel. J'au voulu rendre un hommage au grand, à l'immense musicien, Monteverdi, enterré dans l'église Santa Maria Gloriosa dei Frari, aux côtés du Titien et de Canova. Mon appartement se situait sur les Zattere et je ne pouvais pas manquer l'église des Gesuiti à deux pas de ma location dans laquelle un plafond peint par Tiepolo entraîne le visiteur directement au paradis... Venise, une terre d'églises. Il me reste encore un bon nombre à visiter et je les garde pour mes prochaines escapades dans les années à venir.