vendredi 27 décembre 2019

Rubrique cinéma

Le nouveau film de Valérie Donzelli, "Notre Dame", s'inscrit dans la tradition de la comédie. Autant j'aime les films italiens dans ce registre, autant les comédies françaises tombent souvent à plat. Dans un Paris constamment arrosé, Maud Crayon, architecte précaire dans un cabinet où règne un patron tyrannique, compose une maquette destinée à une place de la banlieue parisienne. Sa vie privée ressemble à sa vie professionnelle : un chaos complet, provoqué par son comportement indécis. Elle est séparée de son mari avec lequel elle entretient pourtant une relation et élève ses deux enfants toute seule. Son ex est d'ailleurs un hurluberlu infantile qui se refugie chez Maud dès que sa compagne le rejette. Un soir, la maquette en question s'envole par la fenêtre (loufoquerie extrême), et atterrit sur le bureau de la maire de Paris. Son projet enthousiasme l'équipe municipale et elle est choisie pour équiper le parvis de Notre-Dame. Elle dispose d'un budget conséquent (280 millions d'euros) pour réaliser cet aménagement poétique mais les détracteurs remarquent la ressemblance des sorties de métro avec un phallus. Elle rencontre lors de l'opération de promotion son amour de jeunesse avec lequel elle renoue une relation romantique. Maud Crayon, enceinte de son troisième enfant, finira par rompre avec son mari immature. Le projet ne se réalisera pas, tant la contestation se fait jour. Le film dénonce la tension au travail, la précarité, les incivilités avec les claques données par des passants anonymes, l'hypocrisie du monde politique (très bonne caricature d'Anne Hidalgo). Cet aspect sociologique me semble le meilleur du film mais il y a trop d'exagération dans les scènes, trop d'outrance dans les caractères, trop de protagonistes excentriques… Une légèreté ennuyeuse au final.  Ou j'ai perdu mon humour, ou je n'ai rien compris au burlesque. Le seul plaisir que j'ai trouvé en voyant défiler ces images humoristiques, c'est de revoir le Paris que j'ai visité en novembre. Mais, j'avoue que je ne goûte guère la comédie-champagne, dont les bulles s'évaporent en vain. La réalisatrice a certainement voulu parler de notre rapport à la ville et de sa transformation décidée par des politiques crétins, des femmes qui "font tout", de la culture urbaine, etc. Les critiques ont recommandé ce film… L'ont-ils vu ? Je me le demande encore.