jeudi 1 juin 2017

"Croire au merveilleux"

J'avais lu en 2013, le roman de Christophe Ono-dit-Biot, "Plonger", avec délectation. Le personnage féminin, Paz, était l'amour fou du narrateur. Cette femme-sirène, solaire et libertaire,  pratiquait la plongée et l'art comme une recherche de l'absolu. "Plonger" raconte l'histoire passionnelle de leur amour impossible.  Ils donnent naissance à un garçon que l'on retrouve dans la suite, "Croire au merveilleux".  La jeune femme est retrouvée morte sur une plage et laisse son compagnon anéanti. César perd le goût de vivre et songe à se suicider malgré la présence du petit garçon. "J'ai longtemps cru que j'y arriverais. Cru tout ce qu'on m'a raconté : l'apaisement qui suit l'acceptation de la mort de l'être aimé, suivi de sa renaissance sublimée sous forme de souvenirs. Tu parles. (...) La nuit, on tend les bras et il n'y a plus personne, plus rien." Alors qu'il préparait son départ pour le néant, il entend sonner à sa porte. Une jeune femme se présente comme sa nouvelle voisine. Etudiante en architecture, grecque, elle va peu à peu s'immiscer dans la vie de César tout en conservant son mystère. Elle semble attirée par la bibliothèque de son voisin désespéré. La jeune femme emprunte quelques classiques grecs édités dans la légendaire maison d'édition Budé. César diffère son projet mortifère et se laisse guider par cette jeune "déesse" grecque. La lecture du roman peut se lire comme une nouvelle Odyssée : César-Ulysse après une terrible épreuve rencontre une déesse et la vie recommence, son cœur se remet à battre pour son fils qui n'attend qu'un père aimant. Dans un article du bulletin Gallimard, Christophe Ono-dit-Biot confie sa passion de la Grèce antique, de la mythologie comme le fil conducteur du roman. Il écrit : "César se vit comme l'un des derniers représentants d'une civilisation humaniste, branchée sur l'Antiquité, dont notre époque nous dit qu'elle aurait fait son temps. (...) Le merveilleux est aussi un instrument de connaissance qui doit être transmis". Ce roman "merveilleux" ressemble à un conte antique d'une modernité éternelle. A lire sous le soleil et sous la protection des dieux grecs...