vendredi 17 septembre 2021

Escapade sicilienne, Syracuse 1

 Dès que je suis arrivée à Syracuse, j'ai voulu revoir en priorité le site archéologique, Néapolis, la nouvelle cité, comme son nom l'indique. J'ai démarré la matinée dans ce parc très bien aménagé en promenade dans une Antiquité toujours aussi fascinante. Le théâtre grec a subi de nombreuses transformations au fil du temps et les Espagnols l'ont démantelé pour construire les fortifications de l'île d'Ortygie. Mais, ce lieu conserve l'esprit des tragédies grecques d'Eschyle qui assistait aux représentations de ses pièces. La légende raconte que Platon s'est assis sur un gradin pour écouter avec attention les acteurs de son époque. Je l'imaginais dans cet espace exceptionnel. Je ressentais sa présence "immortelle"... Plus loin, un amphithéâtre romain du IIIe siècle après J.-C. pouvait contenir 16 000 spectateurs qui applaudissaient les gladiateurs et les reconstitutions de batailles. Une galerie couvre le pourtour de l'arène pour permettre la circulation des bêtes sauvages. Après celui de Rome et celui de Capoue, ce monument imposant impressionne par sa taille. Un autel sacrificiel gigantesque, l'autel de Hiéron II (265 av. J.-C.) déroule sa monumentalité sur 200 mètres de long et sur 23 mètres de large. Le tyran dans le cadre des guerres puniques, voulait remercier les dieux en sacrifiant 100 bœufs en seule fois ! Imaginons ces moments de folie collective, de foi irrationnelle en des dieux légendaires et fictifs ! Les sacrifices pouvaient amadouer ces dieux parfois bienveillants, parfois malveillants envers les pauvres humains. Puis, un gardien m'a tendu un casque pour pénétrer dans les latomies, des carrières de pierre que les esclaves creusaient pour construire la ville de Syracuse. Ces grottes peuvent atteindre une cinquantaine de mètres de hauteur. Une ouverture ressemble à une oreille d'un faune et le peintre Le Caravage l'a baptisée l'Oreille de Dionysos. Denys le Tyran venait espionner les 7 000 prisonniers athéniens qu'il avait fait enfermer après leur expédition. J'ai assisté à une scène où un groupe de touristes chantaient pour tester l'acoustique de la grotte. Ce lieu mystérieux, chargé de légendes, m'a plongée dans une Antiquité violente et j'ai pensé que la série Games of Thrones aurait pu tourner une scène mémorable dans ces carrières inquiétantes. Après cette visite, j'ai rejoint l'île d'Ortygie où j'avais loué une chambre d'hôte avec vue sur le port. Ma pause déjeuner au restaurant "Le Grand Canal", au pied de l'hôtel, m'a redonné de l'énergie pour arpenter ce berceau historique de la ville. Quand on voyage en Sicile, la cuisine appartient à la culture patrimoniale. Je n'ai pas écarté, évidemment, cette dimension culturelle gourmande. Bien au contraire !