vendredi 31 décembre 2010

Bonne année de lectures

La semaine prochaine, je prendrai le temps d'établir un palmarès de mes meilleures lectures en 2010. En attendant cette reprise de mon blog d'une façon plus régulière, je souhaite donc aux amateurs de livres et de littérature une année 2011 pleine de surprises littéraires, d'écrivains confirmés qui vont nous ravir encore une fois, de jeunes écrivains prometteurs qui vont nous étonner, de romans qui nous aideront à traverser l'année, des livres qui nous tiendront compagnie. Avant de terminer cette année 2010, je veux faire l'éloge, comme je le fais souvent dans mon blog, des bibliothèques, lieux précieux pour emprunter des livres, des CD, des DVD, lieux de rencontres culturelles, lieux de sociabilité. En ces temps de crise, je souhaite de tout mon coeur que ces espaces de liberté, de tolérance, d'intelligence continuent à survivre et à proposer des nouveautés pour consolider les collections existantes.
Je ne veux pas oublier les librairies dont j'aime l'ambiance de fourre-tout et où l'on peut dénicher souvent des titres dont on ne parle jamais dans la presse. J'effectue souvent deux pélérinages par semaine : une visite dans ma bibliothèque municipale (en fait, j'en fréquente trois) pour emprunter des romans et des documents audios, et une deuxième visite dans une librairie de ma ville pour feuilleter les toutes dernières nouveautés. Ces lieux "spirituels" se complètent harmonieusement pour rechercher un livre génial qui comblera mon attente. Alors, pour ceux qui suivent ce blog, je vous souhaite une bonne année 2011 !

vendredi 24 décembre 2010

Cadeaux de Noël

En cette veille de Noël, je vous conseille de lire un petit ouvrage fort pratique pour vous "débarasser" des cadeaux inutiles et encombrants. Il s'agit de "L'art du désencombrement ou se libérer de l'inutile pour vivre plus léger" de Alice Le Guiffant et Laurence Paré. J'ai fait comme tout le monde (faire des cadeaux) et ce conformisme ambiant est loin de s'atténuer mais j'essaie de résister devant l'offre gargantuesque des magasins en ville et des supermarchés. Ce côté mercantile de Noël est loin des traditions d'antan quand mes parents me racontaient qu'ils n'avaient aucun jouet, ni friandises à cette occasion. Je me souviens moi-même d'un réveil à minuit lors de mes quatre ou cinq ans et d'un "baigneur" apporté par le soi-disant Père Noël... La simplicité de cette époque venait d'une pénurie d'après-guerre partagée par la majorité des Français. On croule aujourd'hui sous les objets made in China... Lisez-donc ce petit livre plein de conseils pour vider sa maison de cadeaux et d'objets inutiles, moches et encombrants. Vivre plus léger, vivre simplement, vivre avec du temps à soi, à son rythme, sans agenda, vivre bien et lentement prend du temps mais ce temps, on le savoure encore plus... Il existe des cadeaux qui peuvent quand même faire plaisir et qui ne sont pas onéreux : pensez donc aux livres que vous garderez si vous les re-lisez, ou que vous pouvez donner à des amis, ou vendre à petit prix sur Internet en faisant des heureux. J'ai réservé un seul mur dans mon salon pour mes livres et mes CD de musique baroque et je me contente de cet espace. Si je dois faire de la place pour un livre supplémentaire, j'en retire un que je n'envisage pas de relire ou de feuilleter. Je suis à ma façon une "décroissante" ou une adepte de la "simplicité volontaire" en vivant dans une petite maison (quelle chance !) entourée d'un petit jardin. Les politiques de droite et de gauche sont encore très loin de cette nouvelle philosophie et ils prônent toujours la consommation pour la relance économique... Pour ma part, je n'aime que la consommation des objets culturels et j'ai besoin d'être encore entourée de livres, mon péché mignon, très petit péché, quand même ! Bon Noël à ceux qui me lisent...

mardi 21 décembre 2010

Purge

Ce roman de l'écrivaine finnoise, Sofi Oksanen, a été primé par le magazine Lire dans la rubrique Découverte Etrangers. Il a aussi obtenu le Prix Fémina Etranger et le prix Fnac. Je suis curieuse de nature et m'empresse de découvrir les romans distingués par des critiques "sérieux". Le destin croisé des deux héroïnes s'entremêle sur un fond très sombre de l'histoire de ce pays de l'Est, ancienne république soviétique devenue indépendante en 1991. Le rythme du roman est scandé par deux époques, celle de la jeunesse d'Aliide (années 50), en proie à la jalousie et au dépit amoureux et celle de Zara (en 1991), jeune femme perdue et qui fuit ses deux proxénètes. Elle parvient à s'échapper en tuant un "client" et se refugie dans la ferme d'Aliide. Un secret lie les deux femmes. En tant que lectrice, le face à face de ces deux victimes humiliées et exploitées s'avère très captivant pour le lecteur. L'histoire politique de ce pays en toile de fond qu'il faut connaître (il y a une chronologie à la fin du livre) nous permet de comprendre l'horreur de cette époque totalitaire au temps de l'URSS. Il fallait un instinct de survie indéniable et un courage à toutes épreuves pour rester en vie dans ces temps chaotiques. C'est un roman très sombre, d'une lecture difficile et pourtant, indispensable pour ressentir l'écrasement des individus quand les idéologies nazie ou communiste régnaient dans ces pays. Ce roman méritait toute l'attention des critiques et des lecteurs...

lundi 20 décembre 2010

Hommage à Jacqueline de Romilly

Dimanche 19 décembre, sale journée pour les admirateurs de Jacqueline de Romilly... Cette grande dame, deuxième académicienne après Marguerite Yourcenar, passionnée de la Grèce antique, du grec ancien, des langues mortes, du passé littéraire grec nous a quittés. Cette femme, professeur et chercheur, écrivain, a consacré sa vie à son idéal : transmettre cette passion qu'elle avait de ce monde grandiose de la Grèce antique. Bien sûr, elle avait un très grand âge (97 ans) mais elle nous manquera. Je lui souhaite de retrouver en toute sérénité ses héros légendaires, Homère, Thucydide... J'ai relu la préface lumineuse d'un poche que j'avais dans ma bibliothèque, "Pourquoi la Grèce" et je voulais ainsi prolonger son séjour terrestre en lisant sa prose accessible et si classique mais un écrivain ne meurt jamais...
Une émission de France 5 que j'ai, hélàs, raté a présenté son portrait et j'espère que nous aurons le plaisir de retrouver cette grande dame, militante de la civilisation grecque. Elle vivait déjà de son vivant dans une sorte de paradis mental, la Grèce antique !

jeudi 16 décembre 2010

La vie éclaircie

Ce livre est un dialogue entre Danièle Sallenave et Madeleine Gobeil aux Editions Gallimard. Danièle Sallenave est un de mes écrivains préférés que je lis depuis trente ans. J'ai toujours aimé cette femme intellectuelle et féministe, authentique républicaine et militante de la littérature. Cette autobiographie dialoguée nous permet de connaître Danièle Sallenave dans son intimité, ses choix de vie, ses idées politiques, son féminisme toujours actif, son esprit républicain. Les chapitres se suivent en épousant le fil d'une vie vouée à la littérature et à la culture. Elle parle de son enfance, de ses parents instituteurs, vrais hussards de la République, de sa formation intellectuelle, du théâtre, du féminisme, des voyages formateurs et de l'art. Je pourrais citer des pages et des pages de ce livre mais je vais distiller le plaisir en commençant par celle-ci : "Tout ce que j'aime à la folie -le bonheur, l'amour, les livres, la beauté du monde, les crépuscules sur les îles d'Or, les grandes villes, (...)- tout cela est terriblement fragile, menacé, rien n'est donné pour toujours, la persistance des choses dépend de nous. Mais je ne suis pas découragée, au contraire, je pense à tout ce qu'il faut faire pour que ça dure, pour que ça subsiste : au moins de l'écrire, le dire !"
Je reviendrai plus tard sur l'éloge qu'elle ne cesse de dire et d'écrire sur l'amour de la littérature et des livres... Je suis en symbiose totale avec elle et ce livre-témoignage ne peut que ravir les amoureux de la "chose écrite"...

mardi 14 décembre 2010

Prodigieuses créatures

Ce roman de Tracy Chevalier, publié en 2010 chez l'éditeur Quai Voltaire, possède un charme suranné et décalé. On se retrouve dans l'Angleterre puritaine et corsetée du début du XIXème siècle. Mary Anning, une petite paysanne, analphabète et originale, découvre des fossiles, des "curios", sur une plage et dans les falaises du Dorset, à Lyme Regis, petit village traditionnel de bord de mer. Mary, passionnée par ses trouvailles, rencontre Elizabeth Philbot, vieille fille intelligente et "déclassée" dans une sociéte figée qui ne supportait pas le célibat des femmes. L'association de ces deux femmes à la recherche d'animaux marins préhistoriques s'avère utile face à l'exploitation cynique des "messieurs" de noble origine qui s'accaparent de ces richesses naturelles. On découvre au fil du récit l'importance de la découverte de ces fossiles marins qui contredisent les récits religieux. La curiosité scientifique s'avère sans faille pour les deux héroïnes qui luttent pour établir la vérité au sujet de ces "prodigieuses créatures". Ce roman est inspiré de la vraie vie de Mary Manning, reconnue par la communauté scientifique internationale. Elle a découvert le premier Ptérosaure et le Squaloraia, animal de transition entre le requin et la raie.
J'aime bien ces romans à la limite du documentaire car je suis fascinée par ces pierres fossiles qui donnent le vertige quand on les tient dans les mains. Observer un fossile, c'est se plonger mentalement dans le noyau du temps. Je possède au milieu de ma bibliothèque quelques spécimens et je trouve que les livres et les fossiles se tiennent bien compagnie et loin de moi la pensée que les livres vont devenir des fossiles si les humains les négligent et finissent par les oublier... Je ferais comme Mary, à la recherche de mes chers livres-fossiles et je les sortirais de l'oubli comme elle l'a fait en Angleterre dans les années 1820...
Ce roman retrace donc l'aventure de ces deux femmes volontaires et attachantes par leur obstination et leur passion des origines de la vie sur terre, un domaine d'étude exclusivement masculin dans une Angleterre patriarcale et religieuse où il ne faisait pas bon étudier et se mêler des "choses" scientifiques quand on naissait femme...

vendredi 10 décembre 2010

Revue de presse

J'ai donc acheté comme tous les mois la revue Lire de décembre 2010. J'attendais ce numéro car la revue dévoile les 20 meilleurs livres de l'année. Surprise : le palmarès de l'année semble un très bon cru malgré le peu d'ouvrages que j'avais déjà lus cette année. Le meilleur livre de l'année consacre un écrivain allemand, Hans Magnus Enzensberger, "Hammerstein ou l'intransigeance", paru chez Gallimard dans l'excellente collection , Du Monde entier. Je vais m'empresser de le découvrir...
Ensuite, les ouvrages choisis sont classés par genre : le Meilleur roman étranger, le Roman français, Découverte France, Premier roman français, Biographie, Histoire, Polar,Essai, Classique revisité, etc. Cette liste correspond rarement à mon programme personnel, même si j'avais déjà repéré ces titres souvent commentés dans la presse professionnelle. Je ne mentionnerai pas les résultats à part le premier.
La revue va rester deux mois dans les maisons de la presse : vous aurez donc le temps de vous l'offrir !

mardi 7 décembre 2010

Citation de la semaine

Je vais reprendre une bonne habitude : trouver des citations pour illustrer le blog.
J'ai commencé un ouvrage-dialogue entre Vladimir Jankélévitch et Béatrice Berlowitz, "Quelque part dans l'inachevé", en collection Folio, ouvrage épuisé en librairie... L'oeuvre de ce philosophe me fascine, et j'attendais ma "retraite" pour le découvrir et le lire vraiment dans sa totalité. Mais c'est une lecture ardue et difficile. J'en conviens à mon grand regret : la philosophie détient ses propres secrets de fabrique et il faut y aller à petites doses. J'ai trouvé cette phrase que je vous livre : "Le plus difficile dans l'existence, c'est de ne pas se laisser décourager par la solitude". A méditer...

lundi 6 décembre 2010

Publicité littéraire

J'ai remarqué une publicité sympathique dans le journal "Le Monde" du mardi 30 novembre. Il faut penser évidemment aux livres pour vos achats de Noël : c'est une évidence car les livres restent encore très abordables surtout les formats en poche... La dernière page du Monde montrait une série de livres parus chez Stock cet automne dont certains ont reçu un prix littéraire. En bas de la page, on lit "Ce sont des livres". Je vois bien l'inquiétude des éditeurs pour ce clin d'oeil ironique. Amis lecteur du Monde, n'oubliez pas les livres, petits objets en papier, si beaux, si parfaits pour la maison ou le voyage. Ne vous précipitez pas sur les gadgets hightech, passez la porte d'une librairie et jetez-vous sur ces drôles de marchandises, nobles et en même temps à la portée de toutes les bourses, qui peuvent durer un certain temps et vous réchauffer le coeur dans cet hiver redoutable avec 80 cm de neige dans le jardin !

vendredi 3 décembre 2010

Régis Debray

J'ai terminé un des derniers ouvrages de Régis Debray, "Dégagements". J'aime beaucoup Régis comme le dirait Ségolène (Martine par ci, Dominique par là...). Monsieur Debray est pour moi un des derniers grands intellectuels et penseurs d'aujourd'hui. Je l'ai suivi depuis qu'il écrit soit au minimum trente ans de compagnie avec un honnête homme, d'une lucidité fulgurante sur les travers de notre époque. J'ai même assisté à Grenoble dans les années 80 à une de ses conférences où il nous disait déjà que la seule valeur pour laquelle il faudrait se battre serait l'éducation. J'aime son côté ronchon, démodé, ancien révolutionnaire désenchanté, intellectuel libre et solitaire. Le milieu universitaire ne le reconnaît pas comme un des leurs malgré l'apport passionnant de la médiologie ou l'étude des supports de transmission de la culture dans le sens large. Revenons à son dernier ouvrage qui contient des pépites d'or. Exemples : l'éloge indécent et surdimensionné d'une star-rock à l'échelle planétaire, l'amitié entre Johnny Halliday et le Président,révélatrice du malaise que l'on peut éprouver face à cette mascarade du pouvoir, la vulgarité de notre télévision, la disparition des amateurs de littérature qui ne sont plus que quelques milliers en France. Le passage sur la vente des objets de Julien Gracq est particulièrement émouvant... C'est un livre à lire et à relire pour se donner du courage. Le fait de savoir qu'il reste quelques intellectuels à la "Péguy", me conforte dans l'idée que Régis Debray est pour moi un écrivain essentiel pour son style unique et ses critiques percutantes, pleines d'humour et d'ironie sur la société d'aujourd'hui.
Je vous livre une petit extrait :
"Le cinéma bouffe tout, disait Céline, ce ne sont plus des livres, les romans actuels, ce sont des scénarios". Alors,qu'est-ce qu'on fait, plumitifs, avec une arbalète au milieu des fusils-mitrailleurs ? On se fait plaisir avec nos petites montagnes de mots, dans l'espoir de toucher au mieux les dix mille survivants de la congrérie littéraire. Notre homologur derrière une caméra peut espérer toucher aux larmes dix millions de congénères, et dans tous les continents au même moment. Zéro compétitivité. Si l'on avait que cette pensée en tête, ce serait à se flinguer. Heureusement que nous avons d'autres plaisirs moins partageables, plus secrets...