jeudi 22 février 2024

Les cabanes à livres, la nostalgie littéraire

Quand je me balade vers le lac du Bourget, je me dirige vers les cabanes à livres et souvent, je pêche, comme les pêcheurs à la ligne de l'esplanade d'Aix-les-Bains, des poissons de papier. Il m'arrive de connaître d'agréables surprises. En janvier, je lisais un essai de Patrice Jean sur la littérature engagée et il citait un philosophe-écrivain oublié, Michel Henry. Dans la semaine, je farfouille dans la cabane du Jardin Vagabond d'Aix et je trouve un roman de cet auteur, "L'amour les yeux fermés". Une coïncidence heureuse. Je recherche souvent des textes du XXe siècle et j'ai parfois de la chance. Je suis tombée sur "Génétrix" de François Mauriac que je voulais relire. Ma nostalgie littéraire se manisfeste à l'évocation de certains titres abandonnés dans ces niches pour se donner l'espoir qu'un promeneur se saisisse de cet ouvrage. Au Bourget du Lac, j'ai déposé mardi dernier un Balzac, "Eugénie Grandet". Une heure plus tard, en revenant de Bourdeau, j'ai remarqué un homme qui tenait à la main mon livre de poche et il lisait le roman. J'étais heureuse de voir cette belle scène sur la lecture ! Balzac vit donc encore dans les mains de ce charmant lecteur ! Il ne faut pas désespérer de l'humanité... Cette nostalgie littéraire, je la ressens quand je note les noms des auteurs délaissés dans les cabanes : Jean Hougron, Henri Troyat, Philippe Hériat, Françoise Sagan, Christine Arnothy, André Maurois sans parler de Claude Michelet, et de tant d'autres complètement oubliés. A leur époque, ils avaient tous et toutes énormément de succès dit populaire. Qui n'a pas lu un Mazo de la Roche, un Troyat, un Duhamel ? Ils nous ont ouvert la porte magique de la littérature avant qu'ils ne sombrent dans l'oubli. Après cette étape de boulimie livresque tous azimuts dans ma jeunesse, j'ai eu la chance de rencontrer les grands écrivains de l'époque : de Colette à Giono, de Martin du Gard à Malraux, de Sartre à Yourcenar sans oublier Simone de Beauvoir. Les classiques du XXe me sont toujours aussi indispensables pour comprendre notre monde. Ma nostalgie littéraire se porte souvent sur des figures originales comme Marcel Aymé, Georges Perros, Paul Gadenne, Violette Leduc, et je pourrais en citer encore des dizaines. Fouiller les cabanes à livres, c'est dénicher des pépites littéraires et même si mes cueillettes s'avèrent infructueuses, j'aime bien sentir le parfum des romans, lus dans tous les foyers familiaux quand la présence des médias n'existaient pas autant ! Les cabanes à livres, des bibliothèques gratuites et sans complexe. Des sociologues devraient se pencher sur ce phénomène et dans mon quartier de Chantemerle à Chambéry,  la ville vient d'installer une jolie cabane près de la boîte à lettres ! Une bonne surprise que j'utilise souvent.