mercredi 1 mai 2013

Rubrique cinéma

Le film de Margarethe Von Trotta, "Hannah Arendt" s'apparente plus à un film documentaire et pose une question essentielle sur le mal. Si on ne connaît pas l'itinéraire philosophique d'Hannah Arendt, le spectateur-(trice) aura des difficultés pour suivre le déroulement dramatique. Hannah Arendt a publié un livre majeur, "Les origines du totalitarisme"  en 1951. Elle a fui l'Allemagne nazie en 1933, dès la montée d'Hitler. Elle sera internée en France à Gurs en 1940. Elle rejoint les Etats-Unis en 1941. Elle devient professeur de philosophie politique dans plusieurs grandes universités américaines. En 1958, elle rédige la "Condition de l'homme moderne". En 1961, le journal le New Yorker lui demande de couvrir le procès du nazi Eichman à Jérusalem. Le film relate cette période précise et montre le cheminement de la pensée philosophique d'Hannah Arendt sur le nazisme et la Shoah. En 1963, les articles de la philosophe sont publiés et attirent de nombreuses polémiques sur la notion de la "banalité du mal". Les images sur Eichman sont tirées des archives et voir ce nazi "bureaucrate" et "inhumain" raconter sa logistique pour organiser la Shoah nous plonge dans une certaine sidération de dégoût. Comment des êtres humains "cultivés et civilisés" comme était le peuple allemand sont-ils devenus des nazis ? Hannah Arendt répond par le concept de "non-pensée" pour qualifier l'attitude de Eichman et de ses acolytes. C'étaient des bureaucrates technicisés qui ne pensaient pas, qui exécutaient les ordres d'Hitler sans état d'âme et sans remords. Margarethe Von Trotta film à merveille le moment-clé de cette intuition philosophique. Hannah Arendt avait aussi relevé la lâcheté des responsables juifs qui n'ont pas assez résisté face à l'extermination de leur peuple. Cette question taboue a aussi provoqué un tollé dans les milieux concernés. Ce film nous apprend beaucoup sur cette période de notre Histoire et Margarethe Von Trotta rend un hommage "sororal" à une femme extraordinaire, philosophe (rare pour l'époque), libre et audacieuse (encore plus rare pour l'époque)...