mardi 18 janvier 2011

Le livre, une idée d'avenir

J'aime feuilleter l'hebdo du Monde "Le Monde Magazine" et j'ai trouvé ce titre limpide et optimiste sur la couverture : "Le livre, une idée d'avenir". J'avais mentionné l'ouvrage de Robert Darnton, "Apologie du livre. Demain, aujourd'hui, hier." qui vient de sortir. Dans un interview passionnant, cet historien du XVIIIème nous rassure en abordant l'inquiétant avenir du livre imprimé, "attaqué" de toutes parts par la numérisation-mondialisation de la production intellectuelle. Paradoxalement, il se montre très optimiste car le livre imprimé est un phénomène historiquement court (540 ans) alors que l'écriture existe depuis 6000 ans environ, et Internet va fêter sa petite quinzaine d'années.Notre "codex" actuel fait de la résistance car la production de livres imprimés augmente tous les ans, un million de titres nouveaux dans le monde par an. Le livre imprimé co-existera et même retrouvera une nouvelle jeunesse grâce à la découverte de millions d'archives et de livres qui reposent sur les étagères des bibliothèques. Robert Darnton évoque la naissance de la plus grande bibliothèque universitaire du monde, l'équivalent moderne de la bibliothèque d'Alexandrie. Le projet de Darnton (par ailleurs directeur de la bibliothèque d'Harvard) donne le vertige mais un vertige "borgésien", le rêve de tout chercheur, de tout lecteur passionné : avoir à portée d'un clic de souris le patrimoine écrit mondial. On peut déjà consulter Gallica sur le site de la BNF qui propose toute la littérature en texte intégral des origines au début du vingtième siècle. Robert Darnton rend aussi hommage aux bibliothèques universitaires et municipales, lieux de conservation indispensables car dit-il, "C'est toute une civilisation dont il faut garder témoignage. Et les bibliothèques sont plus nécessaires que jamais, sachant que le numérique peut être périssable." Il termine l'interview ainsi: "Et la bibliothèque, qui pourrait passer pour la plus archaïque de nos institutions, est au contraire un lieu idéal pour servir d'intermédiaire entre les modes de communication imprimés et numériques." C'est rare de trouver un terrain d'entente entre les tenants de la modernité extrême du tout numérique et les archaïques du papier. Tant mieux si ces mondes antagonistes se complètent, s'enrichissent mutuellement et se mettent au service d'une plus grande démocratisation du savoir et de la culture !