jeudi 19 juillet 2018

"Intérieur"

Je garde un très bon souvenir de mon séjour bref et intense à Copenhague, une capitale vraiment à taille humaine, expérimentale et où règne une douceur de vivre indéniable. J'ai découvert dans les musées danois, un peintre dont j'ai cité le nom lors de mon compte-rendu sur Copenhague. Il s'agit de Vilhelm Hammershoi. Quand je suis revenue de mon escapade, je voulais acquérir un catalogue en français sur ce peintre secret et troublant. Mais, je n'en ai trouvé aucun à un prix abordable. J'ai donc cherché (et j'aime rechercher des références) et j'ai acquis un essai de Philippe Delerm sur ce peintre. Cet ouvrage publié chez Les Flohic éditeurs fait partie d'une collection passionnante des années 2000, Musées secrets. Comme j'aime la littérature et la peinture, ces beaux livres illustrés associent des écrivains à des peintres. J'ai découvert en particulier la passion de Pascal Quignard pour Georges de la Tour ("La nuit et le silence"), et dans la liste indicative, je vois Jean Rouaud, Sylvie Germain, Charles Juliet, François Bon, etc. Philip Delerm a choisi une vingtaine de toiles et il tente d'élucider le mystère des personnages ou des paysages d'Hammershoi. Ainsi, ce tableau qui représente une femme devant un piano : "Autrefois, il lui semblait que le bonheur viendrait du piano. Une rencontre, une façon de tenir le monde entre ses mains. Elle n'attend plus personne… Elle joue pour elle la sonate de Mozart". Plus loin, Philippe Delerm imagine ces femmes, vivant dans le silence, la solitude et cultivant une discrétion impalpable. Présentes dans le décor mais des visages absents dans leur quotidien millimétré. Il écrit plus loin sur une femme devant une fenêtre : "Il y a des sensations d'enfance rassurantes dans cette habitude de se lever tôt, même pour peu. De se tenir à la proue des journées, comme s'il y avait quelque chose à attendre, quelque chose à manquer. Comme si chaque jour avait sa chance".  J'ai retrouvé le style intimiste "delermien" qui correspond à l'art secret d'Hammershoi. Ce peintre du silence et de la solitude aurait aimé lire les lignes de son frère de cœur, Philippe Delerm. Un bel ouvrage de collection, un rareté éditoriale à conserver longtemps dans sa bibliothèque.