lundi 18 juin 2018

Escapade basque, 3

Je ne manque jamais une escapade en Espagne quand je séjourne dans mon pays. Je ne devrais pas dire Espagne mais Pays basque espagnol. Sans proclamer en aucun cas une idée indépendantiste (je suis pour l'unité des nations…), il ne faut pas oublier les chiffres 4 plus 3 = 1, slogan politique tagué dans les rues du pays pour réclamer l'unification du Pays basque. Les sept provinces dont quatre en Espagne partagent la même langue, le basque dont les origines demeurent un mystère total. Avant de traverser la frontière du côté de Dancharia, je me suis arrêtée à Espelette, le fameux village qui vit au rythme du piment que l'on retrouve partout : sur les façades des maisons, sur les étals des boutiques, dans les plats des restaurants, dans les magasins de souvenirs. Même le chocolat se fabrique avec du piment… Je ne reconnais plus l'Espelette des années 80, tellement le village s'est métamorphosé en magasin géant où le petit légume piquant ou doux se décline partout sous toutes les formes : en guirlande, en gelée, en poudre, en confiture et en chocolat ! Ce lieu dorénavant "pimentisé" symbolise une grande réussite commerciale et se traverse avec une halte pour un achat incontestable : du piment pour épicer les plats de l'été ! Après Espelette, le village d'Ainhoa a reçu le label des plus beaux villages de France. Son église présente comme toutes les églises basques des galeries en bois car femmes et hommes étaient séparés pendant l'office. Le cimetière qui s'enroule autour de l'édifice possède des stèles discoïdales (hilarri ou pierre des morts) sur lesquelles sont gravés les symboles du métier des défunts et évidemment, la croix basque. Ainhoa respire un air profondément ancré dans le paysage basque. Plus loin, la frontière espagnole apparaît avec ses célèbres "ventas" à Dancharia où l'on trouve un bazar considérable d'objets de toutes sortes et de magasins d'alimentation. Une visite dans une venta appartient au folklore touristique, mais parfois, il faut bien s'amuser en respectant ce rite coutumier… J'ai déjeuné à Urdax en Navarre dans un restaurant rustico-traditionnel délicieux : des nappes blanches sur les tables, un mobilier basque d'un noir d'encre, des têtes de cerf sur les murs, des peintures naïves, et un calme appréciable (sans télé, ni musique). Le repas (des côtelettes d'agneau de lait sur un lit de pommes de terre au four) ressemblait au décor : plat traditionnel au goût d'antan retrouvé… Après ce moment gourmand, j'ai visité une belle église et le monastère de San Salvador du XIe siècle où se tenait une passionnante exposition d'artistes basques. Un séjour en Pays basque ressemble à un patchwork d'images multicolore où le rouge, le blanc et le vert dominent entre les collines, les gaves, les fermes mais, ce jour-là, il manquait le bleu, le bleu du ciel… Nature respectée et culture préservée, le charme de mon pays d'enfance.