lundi 21 mars 2022

Esprit du lieu, Paris

 Comme tous les ans, je me "culturalise" à Paris. En fait, cette ville, notre capitale à tous et à toutes, conserve et conservera son identité unique qui met toujours en avant son rayonnement culturel universellement reconnu. Souvent, dans les médias, j'entends le "Paris" bashing, expression anglaise désagréable à l'oreille : la capitale est sale, polluée, horrible, violente, stressante et j'en passe. Mais, quand il me prend l'envie de la revoir et de vivre à l'heure parisienne, je ne vois pas le côté sombre, appauvri de la capitale où la délinquance règne en maître. Evidemment, je ne traverse que le "beau", le "bon" Paris et je m'abstiens de m'aventurer dans des zones inconfortables. Je préfère les musées, les monuments, les parcs et jardins, les quais de la Seine, les ponts, les statues et tous les citadins et citadines affairées, pressées. Je plonge dans un macrocosme bouillonnant qui m'insuffle une énergie renouvelée. Mardi, après un voyage parfait dans le TGV, j'ai traversé la ville pour atteindre mon hôtel situé près du Louvre. Dès que j'ai déposé ma valise, j'ai retrouvé avec plaisir le Jardin des Tuileries avec ses bassins et ses chaises vertes, ses statues et ses sculptures dont les séduisantes jeunes filles de Maillol. En me baladant dans le quartier des Halles, j'ai découvert l'église Saint-Eustache, relevant du gothique flamboyant et du style Renaissance. J'ai été impressionnée par la hauteur de sa nef, trente trois mètres, supérieure à celle de Notre-Dame. Les 25 chapelles rappellent l'immensité de cette église ainsi que les 8 000 tuyaux de l'orgue, l'un des plus grands de France.  Devant l'église, se trouve une sculpture spectaculaire en grès d'Henri de Miller, "Ecoute", composée d'une tête d'homme allongé, appuyée sur sa main, exécutée en 1986. Cet homme écoute les bruits et les rumeurs provenant du sol et du sous-sol. J'ai vu des enfants jouer autour de la tête et cette sculpture ludique anime le parvis de l'église devant le jardin Nelson Mandela. J'ai conduit mes pas vers les quais de Seine où quelques bouquinistes survivent encore alors que la majorité des boîtes vertes était fermée. Vers 1900, ce vert unique, le vert "wagon" est à l'image des fontaines Wallace et des colonnes Morris. Aujourd'hui, les intempéries et le vandalisme ont abîmé un grand nombre d'entre elles. Mais, quelques résistants culturels maintiennent cette belle tradition autour des livres anciens et des soldes. On compte deux cents bouquinistes avec un stock de près de 300 000 volumes, de gravures, de timbres et de revues. Certains vendent aussi des objets divers made in China comme la tour Effel. Je ne manque jamais de farfouiller dans les bacs pour dénicher un livre rare ou un roman épuisé. Cette institution culturelle perdure tout de même malgré la révolution numérique. Les nouvelles générations fascinées par les écrans de toutes sortes vont-elles encore musarder dans ces boîtes de papier ? J'en doute ! Profitons encore du monde des bouquinistes parisiens, ce commerce livresque si ancien né en 1789 !  J'ai intitulé mon billet "'esprit du lieu". Oui, passer quelques jours à Paris dans son centre historique dans les arrondissements le long de la Seine m'enchante durablement : Le Louvre, Notre Dame, la Conciergerie, l'Ile de la Cité, le Vert Galant, la mairie de Paris, et tant d'autres traces architecturales d'un passé glorieux. Le séjour commençait bien... Je me sentais bien au centre de notre pays, la France.