jeudi 5 décembre 2019

Escapade basque, 1

Avant le "grand hiver" qui démarre en décembre et se termine en mars, je reste bien au chaud prés du poêle à bois avec la présence chaleureuse de mes livres… Je ressentais la nostalgie de l'océan, mon océan atlantique du côté de Biarritz. J'ai donc repris le chemin de mon pays natal pour me préparer à affronter le froid savoyard. Je me vis comme un écureuil ramassant ses noisettes pour les croquer pendant ce temps de latence où la nature s'endort en silence. Mes noisettes ont pour nom les vagues de mes plages préférées. A Anglet, j'aime me promener le long des plages comme je le fais toujours dans mes escapades basques. J'apprécie particulièrement cette période de l'année où les touristes se sont tous évaporés comme des moineaux sur les terrasses des bars. Du côté de la Chambre d'amour, j'ai retrouvé les autochtones dans leur combinaison de surf. Ils dansaient sur les vagues au son des roulements et du fracas quand elles frappent le sable. Voir ces cavaliers farouches avec leurs planches multicolores demeure toujours un spectacle vivifiant et dynamique et dans ces gestes d'équilibre précaire, je lis une leçon de courage face à l'adversité que la vie peut parfois provoquer. Surfer ces monstres marins d'une hauteur variable, de trois à six mètres de haut, me procure un sentiment de joie. Je m'avance sur les digues des plages d'Anglet pour admirer ces hommes et ces femmes qui attendent parfois de longues minutes pour s'élancer, se mettre rapidement debout sur leur planche et essayer de rester sur la vague pendant quelques secondes. Quelle patience pour ces jeunes gens à l'affût de la bonne vague déroulante ! J'ai donc amassé des litres de bon air marin, chargé d'écume iodée pour les capter et les ramener à Chambéry… J'aime aussi me balader vers la plage d'Ilbarritz à Bidart avec ses rochers grandioses et son panorama sur les montagnes de la Rhune et des Trois-Couronnes. Un paysage minéral et liquide qui rappelle les côtes sauvages d'Irlande. Le pays respire mieux après la saison estivale même si la ville d'Anglet vit une furie bétonneuse. Les maisons anciennes disparaissent pour laisser place à des immeubles neufs sans intérêt patrimonial. Il ne faudra pas s'étonner des inondations futures dans cette région tellement cette folie des constructions ravage le paysage urbain. Anglet possédait de vastes espaces verts dans les années 70. Aujourd'hui, il ne reste plus que le quartier de Chiberta prés de l'océan. Pourquoi les maires délivrent-ils autant de permis de construire ? Profit, taxes locales, gain de voix, etc. Un désastre dans ma belle région de plus en plus peuplée, de plus en plus polluée, de plus en plus encombrée par le dieu automobile… Ce que le Sud de la France a connu, la Côte basque le subit aujourd'hui. L'argent mène le monde, hélas…