jeudi 1 décembre 2011

Atelier d'écriture, le marché de Salies de Béarn

J'ai écrit ce texte dans le cadre de l'atelier d'écriture sur la proposition de Mylène qui nous a demandé d'établir une liste des marchés que nous avons traversés dans notre vie. J'ai pensé aux marchés de Barcelone, des Hauts de Chambéry, de la Capte, de Bayonne et de... Salies de Béarn. Mes collègues "écrivantes" ont choisi pour moi la description du marché de Salies. Je recopie donc le texte que j'ai composé :
"Le fromage de brebis,
Ce jeudi d'octobre, je me trouvais à Salies de Béarn, cité millénaire du sel, et le jeudi pour tous les Salisiens, c'est le jour du marché, un modeste marché, un tout petit marché si on le compare à d'autres marchés du monde. Les paysans du coin étalent leurs légumes dans des cagettes à même le sol ou sur des tréteaux centenaires. Les poireaux, les navets, les carottes, et les pommes de terre nous tendent leurs mains terreuses. Plus loin, la vitrine du fromager propose des vrais fromages libres et costauds qui ne sont pas prisonniers dans leur boîte industrielle. Car, ici, dans ce petit coin de France, la fromagère nous tend généreusement des lamelles de fromage de brebis : celui de la vallée d'Aspe, de l'Ossau, des Aldudes, d'Urepel... J'ai tranché pour Urepel ! Un fromage qui a du caractère et qui sent le Pays Basque profond. Un marché de province, c'est un festival du terroir, du local, de l'authentique, du bio sans chichis et sans complexe. La mondialisation et la pasteurisation n'ont pas acquis droit de cité, ici, dans ce Béarn secret. Plus loin, encore, des volailles plumées de la veille, des oeufs dans des paniers. Et puis, je tombe nez à nez sur des livres, des bouquins qu'un marchand ambulant expose sur des tables et dans des cartons. Je me mets à fouiller, fureter, et je découvre quelques vieux poches des années 60 : Sagan, Bazin, Camus, Gide, Cesbron, Troyat, Simenon. Ces vieux bouquins me rajeunissent et me plongent dans mon passé de lectrice goulue et avide de connaissance. Lire un livre tout en goûtant du brebis, additionné d'un verre de Rosé des Caves de Guilhemas, provenant des vignes des coteaux de Salies : voilà une des secrets d'une vie paradisiaque. Je n'ai point besoin de parcourir des milliers de kilomètres pour ressentir des émotions intenses. A deux pas de chez soi, dans un tout petit pays, un bout du monde pour les citadins, le bon-vivre est à la portée de toutes les papilles volontaires. Le sel de Salies possède des pouvoirs magiques. Allez donc faire un tour là-bas et ne ratez pas le jeudi, jour du marché...