jeudi 20 mai 2021

Escapade basque, 1

 Enfin, le geste de réserver des places pour un musée est revenu dans nos traditions culturelles ! J'ai profité de mon séjour à Biarritz pour une échappée en Biscaye après avoir passé un test PCR négatif pour franchir la frontière à Irun. Je m'attendais à être contrôlée mais aucun douanier n'arrête les voitures filant de Bayonne à Bilbao. Mardi dernier, j'ai donc ouvert la porte du musée Guggenheim dans le créneau de midi car un tiers des visiteurs est admis dans les murs, pandémie oblige. Quelle émotion de pénétrer dans cette nef de titane, immense et magnifique, en sommeil depuis plusieurs mois ! Au programme de la rentrée printanière, plusieurs expositions attendaient les regards des amoureux(ses) de l'art moderne et contemporain. J'ai découvert de nombreux tableaux de Kandinsky. Pionnier de l'abstraction, cet artiste russe (1866-1944) a voulu "libérer la peinture des liens qui la rattachaient à la nature" et l'amena à "découvrir une nouvelle thématique axée sur la nécessité intérieure de l'artiste". Alors qu'il vivait à Munich dans les années 1910, il a exploré les couleurs et la composition géométrique afin d'établir un "langage esthétique universel".  Il rejoignit l'école du Bauhaus en tant que professeur car il pensait que l'art pouvait transformer la société. Les nazis ferment les portes de l'école en 1933 et l'artiste se refugie dans la banlieue parisienne. L'industriel Salomon R. Guggenheim commença à collectionner les œuvres de Kandinsky dès 1929.  En regardant les nombreux tableaux de Kandinsky dont ses premiers figuratifs,  les compositions dynamisent les couleurs qui explosent littéralement sous nos yeux ! Certaines toiles accrochent le regard, d'autres semblent plus discrètes. Quelle audace picturale ! La peinture abstraite m'intéresse beaucoup et elle me permet de rêver, de m'abandonner à mon imagination... J'ai aussi revu avec un grand plaisir un de mes peintres préférés, Anselm Kiefer. Une salle entière présente cinq œuvres d'une dimension exceptionnelle dont celle de l'homme couché, contemplant le ciel étoilé, intitulé, "Les ordres de la nuit". Dès que je me rends à Bilbao, je ne manque jamais cet artiste métaphysicien. J'ai aussi parcouru une exposition sur les années folles et sur des peintres basques de Bilbao. L'ambiance covidienne persistait encore avec le port du masque, la jauge limitée (ce n'est pas plus mal) et la distanciation physique. J'ai revu avec plaisir le parc extérieur avec l'araignée de Louise Bourgeois, le chien fleuri de Koons, et d'autres sculptures disposées autour de ce bâtiment spectaculaire, œuvre de l'architecte canado-américain Frank Gehry avec son design innovateur qui donne à Bilbao une réputation mondiale. Ce lieu magique est devenu au fil des ans un rendez-vous quasi annuel (sauf pendant le covid). Dans mes escapades européennes, Bilbao pour moi, c'est le Guggenheim !