mercredi 26 juin 2019

Atelier Lectures, 4

Dans la deuxième partie de l'atelier, nous avons évoqué les ouvrages sur la mer que j'avais recommandés. Sylvie a démarré avec "En mer" de Toine Heijmans, un écrivain hollandais. A bord de son voilier, Donald écume la mer du Nord dans le silence et la solitude. Maria, sa fille de sept ans le rejoint pour la dernière étape. La traversée s'annonce calme. Mais, rapidement, les nuages noirs s'amoncellent à l'horizon. La tempête éclate et la petite Maria disparaît du bateau. Le roman a reçu le prix Médicis du livre étranger. Sylvie nous a lu quelques phrases de ce roman singulier très bien traduit par ailleurs. La tourmente extérieure correspond bien aux tourments intérieurs du personnage. Danièle a choisi "L'enfant de la haute mer" de Jules Supervielle. Ces huit nouvelles, écrites entre 1924 et 1931, s'adressent aux enfants et aux grands aussi. Dans la première nouvelle, une petite fille vit dans une étrange ville fantôme en équilibre sur la mer. Les personnages dans ces textes sont égarés entre le monde des vivants et celui des morts. Marginalisés, ils attendent des signes qui pourraient les aider. Mais les vivants oublient souvent de leur apporter une solidarité nécessaire. On ne lit plus Jules Supervielle et j'avais envie de l'intégrer dans la liste sur les ouvrages à découvrir… Pari réussi car Danièle a découvert ce grand poète français, né à Montevideo. Pascale a présenté "Le Marin de Gibraltar" de l'immense Marguerite Duras (1952) et résume le roman ainsi :"Ils cherchent le marin de Gibraltar mais que souhaitent-ils trouver ? Chercher n'est-il pas un but en soi, chercher, c'est se trouver et c'est aller à la rencontre de l'autre". Un homme en rupture s'engage dans un voilier car il est fasciné par la propriétaire, femme mystérieuse et veuve richissime. Anna recherche un marin qu'elle a rencontré à Gibraltar et elle éprouve pour cet inconnu un amour incommensurable. J'ai relu le roman trente ans après et je confirme le génie romanesque de Marguerite Duras. Son obsession permanente pour atteindre l'amour absolu semble une quête désespérée pour Anna, la grande sœur de Lol V. Stein. La mer joue le rôle d'un monde libre où tout est possible. L'écriture de Duras, très avant-gardiste à l'époque, n'a pas pris une ride. Je citerai cette phrase durasienne : "Les oiseaux, c'est comme l'amour, ça a toujours existé. Toutes les espèces disparaissent, mais pas les oiseaux. Comme l'amour". Cette écrivaine, éditée dorénavant dans la Pléiade, appartient définitivement à notre patrimoine littéraire français, n'en déplaise à ses nombreux contradicteurs… La suite, demain.