jeudi 13 décembre 2018

Atelier Lectures, 3

Quelques romans de Philip Roth ont donc été lus avec beaucoup d'attention de la part des amies lectrices. "La bête qui meurt" (2004) fait partie du cycle David Kepesh. Homme vieillissant, ce professeur libertin collectionne les conquêtes féminines avec ses étudiantes. Il noue une relation érotique avec une belle cubaine, Consuela. Il la considère comme une œuvre d'art et préfère interrompre cette relation car il est rongé par la jalousie. Après plusieurs années, Consuela atteinte d'un cancer du sein le recontacte pour qu'il photographie son corps avant qu'il ne soit dégradé par la maladie. Philip Roth radiographie les relations amoureuses, le vieillissement, la maladie avec sa plume lapidaire habituelle. Le deuxième roman de Philip Roth, "Indignation" (2008) appartient au cycle "Némésis". Un jeune américain d'origine juive, Marcus, quitte sa famille à Newark pour aller étudier dans l'Ohio lors de la guerre de Corée en 1951. Etudiant modèle, il va se heurter au puritanisme de l'époque. Il découvre la sexualité avec une jeune fille expérimentée en proie à la dépression. Il ne veut pas se plier aux traditions universitaires et attire les foudres du président de l'université. Il finira par fuir ce monde étriqué en s'engageant comme soldat en Corée. Il y perdra sa vie. Ce roman d'apprentissage évoque la fragilité des êtres, le carcan du conformisme, le destin brisé d'un jeune homme vulnérable. Les angoisses prémonitoires du père de Marcus ponctuent ce récit comme le chœur de la tragédie grecque. Une fresque de l'Amérique des années 50 à travers le portrait de Marcus, un jeune homme solitaire, émouvant et égaré dans un monde trop dur. Dans ce cycle "Némésis", Philip Roth arrête donc d'écrire après la publication de "Némésis" en 2010. Dans ce roman, on retrouve un personnage emblématique, Bucky Cantor, jeune professeur de gymnastique. Durant l'été 44, une épidémie de poliomyélite se propage dans le quartier et plusieurs enfants en meurent. Bucky se sent coupable de ne pas intégrer l'armée pour combattre sur le front européen. Sa fiancée le supplie de la rejoindre dans un camp de vacances. Bucky, porteur du virus, accepte mais contamine quelques adolescents. Il quitte le camp pour son quartier. Vingt sept ans après, Bucky est reconnu par un des enfants qu'il soignait. Il se confie à lui et lui relate cet été terrible où il a renoncé à l'amour, au mariage et à une vie normale. Culpabilité, sacrifice de soi, destin brisé, mortification, ce personnage tragique est bouleversant d'humanité. Son dernier roman, le plus émouvant de Philip Roth. La suite, demain.