mardi 5 mars 2019

Rubrique cinéma

Le film de François Ozon, "Grâce à Dieu", relate l'affaire sordide du père Preynat, prédateur sexuel et pédophile notoire sur des petits scouts de Lyon. Le film ressemble à un documentaire tellement les personnages sonnent vrai. Le réalisateur s'attache à montrer les dégâts psychiques de l'agression sexuelle sur ces enfants devenus adultes. Alexandre, cadre bancaire et catholique fervent, vit à Lyon avec sa femme et ses cinq enfants. Il représente une frange de la population lyonnaise très respectueuse des traditions religieuses. Cet homme rangé et sage découvre que le prêtre qui a abusé de lui continue son sacerdoce auprès d'enfants. Le passé surgit douloureusement et il décide d'alerter le diocèse de la ville pour dénoncer cette situation scandaleuse. Il prend contact avec la psychologue du diocèse. Cette femme l'écoute mais, ne semble pas comprendre la gravité des actes du prêtre. Alexandre finit même par rencontrer le père Preynat qui avoue sa maladie sans mesurer les conséquences de ces actes criminels sur les scouts. Il décide de porter cette affaire hors du diocèse qui veut étouffer l'affaire. Il s'adresse à la police mais les faits sont prescrits. Le policier joue un rôle majeur dans cette histoire car il relance l'affaire en déterrant un dossier d'une mère qui avait dénoncé les agissements du prêtre. Le film prend alors un rythme plus soutenu avec l'entrée successive des victimes du prêtre. Ces quadragénaires ont refoulé ces agressions sexuelles et hésitent à porter plainte contre ce prêtre pédophile. Les familles concernées encouragent leur fils à dénoncer ces faits monstrueux. Ils s'organisent en association, "La parole libérée". La presse relaye l'affaire et les témoignages sur ce prédateur se multiplient. Enfin, les victimes s'expriment et font sauter la chape de plomb. L'archevêque Barbarin tient un rôle peu flatteur dans cette histoire tragique. L'Eglise avec le Pape ne réagit pas vivement pour écarter ses brebis galeuses… Le film dénonce la loi du silence et rend hommage à toutes ces victimes traumatisées à vie. Ils vont peut-être renaître quand la justice sera faite. En espérant que la justice soit faite… Le film n'a pas été interdit malgré un scénario accablant, les coupables sont encore présumés innocents… Les comédiens, Melvil Poupaud, Denis Ménochet et Swann Arlaud incarnent à merveille les protagonistes de l'histoire. Un très grand film courageux sur la question délicate de la pédophilie dans le milieu des prêtres, protégés par une hiérarchie aveugle...