vendredi 8 mars 2019

"Voyage au pays des bibliothèques"

En lisant "Le Monde" du 22 février, j'ai donc appris par Michel Guerrin dans sa chronique qu'Erick Orsenna, inlassable défenseur de la lecture, avait remis un rapport sur les bibliothèques à notre Président Macron. Ce rapport est édité avec la complicité de Noël Corbin. Les deux compères posent l'éternelle question qui agite le milieu des professionnels de la lecture : "Comment inciter à lire des livres ?" . Les deux auteurs évoquent leur passion de la lecture : "La lecture est la condition de l'accès à toutes les connaissances". Ils se sont mobilisés car le constat sans appel est tombé : les Français lisent de moins en moins. Mais, selon le journaliste, l'inquiétude disparaît vite quand ils expliquent la mutation irréversible de la bibliothèque d'antan. Temple des livres, elle est devenue un lieu social et culturel en intégrant les supports audiovisuels, des animations, des expositions, des rencontres, des formations et même à Chambery, une initiation au tricot… Ce bond dans une offre culturelle proche des gens a permis une fréquentation en hausse, 23% depuis 2005. Le journaliste remarque la grande satisfaction des auteurs du rapport mais, pointe une question éludée dans l'ouvrage : et les livres, que deviennent-ils ? Ceux qui ne lisent jamais de livres sont toujours aussi nombreux, les gros lecteurs plus âgés ne sont pas remplacés par des jeunes qui lisent de moins en moins. Erik Orsenna finit par avouer un certain changement : seuls 12% d'usagers empruntent des livres… Le journaliste rappelle aussi que la littérature de qualité inspire peu les emprunteurs et les espaces dédiés aux livres commencent à rétrécir. La bibliothèque va bien, dit-il, et les livres vont mal. Le Président Macron a promis de soutenir financièrement les médiathèques pour augmenter leurs horaires d'ouverture, plus tard le soir et pourquoi pas le dimanche. Le rapport ne répond pas à l'inquiétante désaffection des usagers (quel nom pour parler des lecteurs(trices) !) à l'égard des livres. Cette situation va peut-être évoluer dans le bon sens avec des médiathèques plus ouvertes. J'en doute quand même, mais un miracle peut surgir dans notre jeunesse. Il faudrait mettre le livre "à la mode" comme un objet connecté ou un jeu vidéo. J'ai passé ma vie de bibliothécaire à formuler ce vœu si cher à mon cœur : que la lecture soit quotidienne et partagée par un maximum de lecteurs, des bébés aux personnes âgées. J'ai mis toute mon énergie pendant plus de quarante ans au service des livres. Je ne pouvais pas imaginer qu'Internet allait tout chambouler… Mais, tant qu'il y aura comme moi des amoureux(ses) des livres, de la lecture et de la littérature, l'espoir demeure…