mardi 13 novembre 2018

Rubrique cinéma

J'ai repris le chemin du cinéma vendredi dernier pour aller voir un film de la réalisatrice italienne, Alice Rohrwacher, "Heureux comme Lazzaro". Ce film avait obtenu le prix du scénario à Cannes en 2018.  Lazzaro, un petit paysan d'une bonté naturelle, vit au milieu d'une communauté à l'écart du monde. Une marquise gère ce domaine, une plantation de tabac, dans ce hameau, nommé Inviolata, perdu dans la montagne. Un pont qui le reliait à la vallée a été détruit et jamais reconstruit. La trentaine de paysans exploités comme des serfs du Moyen Age, abuse à leur tour du gentil Lazzaro qui travaille comme un forçat sans jamais se plaindre. Un été, Lazzaro rencontre le fils de la Marquise de Luna, Tancrède. Ce fils s'insurge contre sa mère esclavagiste qui n'a que du mépris pour ces paysans. Il se refugie dans la montagne avec l'aide de Lazzaro. Les autorités débusquent ce hameau hors du temps et conduisent les paysans en ville. La Marquise est arrêtée et emprisonnée. Dans la débâcle, le jeune Lazzaro tombe dans un ravin en allant voir Tancrède. Le film prend alors une tournure fantastique quand le jeune paysan se réveille quelques années plus tard. Il repart vers la propriété de la Marquise où des voleurs sont en train de la piller. Il se met à les aider et comme il comprend que tout a changé, il part avec eux en ville. Il retrouve dans un faubourg misérable ses anciens compagnons du hameau, devenus des marginaux, tous vieillis, usés, s'adonnant à la mendicité. Lazzaro s'intègre naïvement au groupe et quand il rencontre en ville Tancrède, évidemment changé, il se sent toujours proche de lui. Il comprend lors d'une visite chez lui qu'il est ruiné par sa banque. Lazzaro se rend donc dans une banque tout seul et le film s'arrête sur une image que je ne dévoilerai pas. Ce film évoque l'innocence à travers le personnage du "Saint idiot" qui ne peut envisager le mal, la méchanceté, la noirceur. Lazare, revenu des morts, rencontre des morts-vivants, ses compagnons d'infortune. Alice Rohrwacher considère Lazzaro comme "un ange de l'histoire" qui "veille, insondable, sur les vaincus et les damnés de la terre sans pouvoir soulager un tant soit peu leur fardeau". Un beau film, allégorique et mystique.