mercredi 2 juillet 2014

Rubrique cinéma

Beaucoup de monde ce mercredi pour la dernière journée de la Fête du cinéma (place à 3.50 euros) à l'Astrée de Chambéry. J'ai donc vu le dernier film de Ken Loach, "Jimmy's Hall", sélectionné au Festival de Cannes. La générosité de ce cinéaste se manifeste amplement dans le personnage de Jimmy Gralton, interprété par le beau comédien, Barry Ward. Cet homme, militant communiste, s'est exilé pendant dix ans à New York et il revient dans son Irlande natale auprès de sa mère (quelle belle relation mère-fils !) pour reprendre la gestion de la ferme familiale. Nous sommes dans les années 1930 après la guerre civile dans un pays dominé par les forces "conservatrices" : l'Eglise et les propriétaires terriens. Jimmy rencontre un groupe de jeunes qui lui demandent d'ouvrir une salle de danse, le "Hall", un bâtiment désaffecté qui lui appartient. Ce lieu d'échanges, de formation et d'éducation populaire se met à revivre pour le bonheur de la communauté : ils se remettent à danser, à écouter du jazz, à lire à haute voix la poésie de Yeats,  à discuter de politique, à emprunter des livres, clés de la liberté. Ce foyer de vie va fortement déplaire au curé du village qui mène une guerre contre cette musique moderne et ces idées mécréantes. Les scènes de danse montrent l'énergie vivifiante de ces Irlandais(ses) qui subissent la pauvreté, la misère et le manque d'espoir dans une société ancienne liée aux intérêts de l'Eglise et des nantis. Le cinéaste, très engagé, ne cache pas sa sympathie pour Karl Marx, pour la justice sociale et pour un monde meilleur. Quand une famille est expulsée d'une ferme qu'un propriétaire veut récupérer, les amis de Jimmy se révoltent et la situation va dégénérer dans la violence avec l'incendie du Hall et l'arrestation du militant qui sera exilé aux Etats Unis. Ce film, teinté de nostalgie militante, met en valeur la solidarité et l'égalité, la justice et la liberté et apporte un vent de fraîcheur dans l'ambiance un peu morose et décourageante d'aujourd'hui. Dans cet Irlande archaïque, ces hommes et ces femmes  poursuivent leur rêve de progrès et de partage sans complexe et nous communiquent leur espérance d'un monde meilleur. Un beau film avec une mise en scène classique et un personnage masculin fort "sympathique"... Un grand régal si on aime l'Irlande, la danse, le militantisme et surtout la solidarité des "perdants" face aux puissants (religieux et capitalistes)...