lundi 1 octobre 2018

Naxos, 1

Pour rejoindre Naxos, la plus grande et la plus fertile des Cyclades, j'ai pris un ferry gigantesque à plusieurs étages au nouveau port de Santorin, Athinios, où débarquent et embarquent des milliers de touristes. Observer l'arrivée de ces bateaux incroyables est un spectacle permanent. A pied, en voiture, en camion, en moto, en autocar, les touristes, mêlés aux Cycladiens, forment un ballet tourbillonnant, virevoltant et malgré cette foule électrisée, on se retrouve dans un salon circulaire confortable avec une sensation de tangage. Une heure trente plus tard, il faut redescendre dans la cale et quand la porte s'ouvre, chacun se lance sur la terre ferme avec un besoin pressant de dépasser les premiers. Cette cour d'école géante semble correspondre à un rituel de passage. Celui ou celle qui ne vit pas cette expérience sur le sol grec n'a pas goûté la quintessence des déplacements d'île en île. Ce folklore cycladien ou continental (départ du Pirée) m'étonne toujours autant comme un jeu d'enfant. Dès l'arrivée à Chora, la petite capitale de Naxos, j'ai ressenti un adhésion immédiate. Le responsable de l'hôtel nous attendait pour les valises et j'ai découvert le bel emplacement de ma chambre avec vue sur la mer. De la terrasse commune, un panorama unique s'étalait devant mes yeux : la mer, la petite île de Palatia, relié à Chora par une digue, sur laquelle se dresse la célèbre porte antique, la Portara. Ce magnifique portique en marbre du Ve siècle av. J.-C. marque l'entrée d'un temple inachevé, dédié à Apollon. Le premier soir, j'ai respecté la tradition magique du coucher du soleil, tout près de la porte antique et j'imaginais les Naxiens accomplir cette tradition en priant que le soleil revienne le lendemain matin. Des vagues submergeaient la digue et j'ai pris une bonne douche d'eau salée en revenant à l'hôtel. Ce baptême aquatique me permettait d'épouser la culture locale dès mon premier contact avec l'île. Peu fréquentée par les touristes, cette île magique et calme offre un cadre splendide. A Chora, la promenade est fermée aux voitures et le soir, habitants et touristes cohabitent en toute sérénité. Les ruelles étroites et pentues serpentent et conduisent vers le Kastro vénitien du XIIIe siècle : passages voûtés, porches décorés, présence des bougainvilliers, belles demeures en pierre, placettes, chapelles… Le charme cycladique dans toute sa beauté naturelle ! Heureusement, Naxos est encore à l'abri du tourisme de masse : quelle aubaine pour moi pendant les trois jours que j'avais réservés pour visiter ce petit paradis cycladique.