lundi 2 février 2015

Rubrique cinéma

Le film du réalisateur allemand, Christian Petzold, évoque une époque noire de notre histoire contemporaine. Comme j'ai suivi l'extraordinaire documentaire en huit épisodes sur l'Holocauste, "Jusqu'au dernier, la destruction des Juifs d'Europe", le film "Phoenix" bien que tout à fait fictionnel, m'a plongée dans un drame que des survivants des camps auraient pu vivre. Dans un article du Monde, le critique parle "d'un fantôme qui dérange les vivants". Revenue d'Auschwitz en juin 1945, Nelly (interprétée par Nina Hoss)  est retrouve défigurée par une balle. Une amie l'accompagne dans une clinique pour la reconstruction faciale, opération douloureuse et insupportable pour son identité. Elle veut ressembler à celle qu'elle était. Son obsession est de reprendre le cours de sa vie d'avant quand elle était mariée avec son Johnny, un pianiste de jazz. Son amie lui conseille de "tourner la page" d'autant plus qu'elle vient d'hériter de la fortune de ses parents, morts dans un camp de concentration. Elle lui propose de partir en Israël pour refaire sa vie. Mais, Nelly ne veut pas admettre que son mari l'a trahie. Elle le cherche dans des boîtes de nuit et finit par le rencontrer. Comme il la croit morte, il ne peut pas imaginer qu'elle est devant lui car le camp l'a transformée. Il lui propose pourtant de jouer le rôle de sa femme disparue pour une ressemblance troublante, car il veut récupérer son héritage. Elle accepte le défi, devient la femme d'avant et observe avec sidération la trahison de son mari. Il organise des retrouvailles avec des amis qui tous reconnaissent Nelly. Le plan machiavélique de son mari semble fonctionner. Nelly finit par comprendre sa duplicité et sa malhonnêteté. La scène finale où elle se met à chanter, accompagnée au piano par ce Johnny, minable et pitoyable, marque le renouveau dans sa vie. Elle va pouvoir enfin "tourner la page" et quitter cet homme indigne de son amour. Un beau film, sombre et émouvant, sobre et intense...