jeudi 4 février 2016

"La vraie gloire est ici"

François Cheng est un poète français, né en Chine en 1929. Son œuvre, constituée de romans, poèmes, méditations et essais, lui a valu la "gloire" d'intégrer l'Académie française. Quand il est devenu français, il a lui-même choisi son prénom en hommage à Saint François d'Assise qu'il admire par dessus tout. Pourtant, il ne se revendique pas comme un auteur chrétien et n'évoque pas la culture religieuse. Son inspiration poétique se rapprocherait de la philosophie taoïste. Quand François Cheng évoque "la gloire d'ici bas", il prend le monde en témoin et se veut "frère" de tout ce qui vit, bouge, respire, et même se manifeste tout simplement dans une présence visible et concrète. Sa démarche poétique s'inspire d'une attitude proche de l'extase face à la vie simple, dépouillée, attentive comme l'a vécue le Saint italien. Il s'adresse à un galet ("toi, qui survis à tout, garderas-tu mémoire de cette singulière rencontre ?"), aux arbres, aux nuages, à la mer, à tous les éléments naturels dans lesquels nous vivons sans parfois ressentir leur existence. Chaque poème composé dans un langage clair et cristallin représente une expérience vitale. De forme classique ou court comme un haïku, le message du poète n'est-il pas dans ces deux vers : "Or voici, le vrai silence vient au bout des mots ; mais les mots justes ne naissent qu'au sein du silence". Il n'élude pas la douleur, la mélancolie, la peur, le doute et n'écrit pas avec un esprit de ravissement béat et stupide. Sa poésie de la célébration évoque aussi la mort, l'absence. Cette leçon de poésie apporte un réconfort tranquille et serein. Nous avons besoin, en ces temps assombris par les événements tragiques de l'année passée, de la voix des poètes. François Cheng murmure à nos oreilles que vivre ici bas constitue une "vraie gloire"...