lundi 14 décembre 2020

La revue Lire-Magazine littéraire

 Depuis la fusion délibérée et malheureusement inévitable (faute d'un lectorat massif) des deux principales revues littéraires, Lire et Le Magazine littéraire, je constate un mélange un peu disparate des deux identités originelles. Autant Lire correspondait à un public plus élargi, autant le Magazine littéraire ciblait les lecteurs plus exigeants. La mouture finale pencherait davantage pour un lectorat éclectique, curieux avec un peu moins de place pour les écrivains classiques et contemporains. J'étais étonnée que la revue consacre un dossier de dix pages à Enid Blyton, l'auteur anglaise des "Oui-Oui", des "Club des Cinq", "Le Clan des Sept", etc. Il est sûr et certain qu'elle a marqué des générations d'enfants qui ont découvert la magie de lire avec ses ouvrages. Mais, dix pages sur elle, c'est un peu trop quand même. Comme le veut la tradition, la revue a choisi les cent livres de l'année et j'ai été très satisfaite d'apprendre que le livre de l'année, celui qui, à leurs yeux, a dominé la production romanesque se nomme "Fille" de Camille Laurens. Je l'avais lu dès sa sortie et j'avais beaucoup apprécié ce roman sur cette question lancinante : "qu'est-ce qu'une fille ?". L'écrivaine s'exprime dans un entretien avec Claire Chazal : "C'est un roman d'apprentissage mais également d'initiation à l'envers puisque, finalement, Laurence est éduquée par sa fille". La dernière phrase apporte une belle conclusion au roman : "C'est merveilleux, une fille : !". Un choix évident et épatant pour cette écrivaine française, membre du jury Goncourt. Dans les meilleurs romans français sélectionnés, j'ai retrouvé Miguel Bonnefoy, Emmanuel Carrère, Laurent Mauvignier, Marie-Hélène Lafon, Serge Joncour, Mathias Enard, Camille de Toledo, etc. Pour les essais, j'ai retenu l'excellent "Le Consentement" de Vanessa Springora, le philosophe Baptiste Morizot, Laure Adler et "Sa voyageuse de la nuit", Barbara Cassin et son autobiographie intellectuelle. Cynthia Fleury et son "Ci-gît l'amer". La revue a donc retenu cette centaine de titres à lire, à découvrir. Une bonne année pour les amateurs de littérature et des idées de cadeau pour ces festivités un peu moroses de cette fin d'année. Dans cette période consumériste, où des millions d'objets inutiles se vendent dans les grandes surfaces, un objet me semble essentiel, consommable sans modération, unique, solide, éternel, sans date d'obsolescence programmée : le livre ! On en trouve à tous les prix du plus modeste en livre de poche au plus onéreux en belle édition. L'année prochaine en fin d'année, des romans et des essais seront choisis par la rédaction et évoqueront sans doute cette drôle d'époque virale. Profitons de la deuxième rentrée littéraire : la rentrée de janvier déjà bien prometteuse avec plus de 490 romans !