jeudi 18 novembre 2021

Atelier Littérature, 1

Cet après-midi, nous étions presque au complet à l'AQCV pour partager nos lectures dans l'Atelier Littérature. J'ai changé les règles cette année en privilégiant les livres recommandés en première partie et les coups de cœur en deuxième partie. Comme nous étions nombreuses, nous n'avons pas eu le temps d'évoquer les coups de cœur. Pour l'atelier du jeudi 16 décembre, j'ai présenté le thème : l'hiver dans la littérature avec un choix éclectique d'écrivains français et étrangers avec la parité respectée. Dans la seconde heure, les lectrices ont choisi deux ouvrages sérieux sur l'euthanasie, celui de Noëlle Chatelet, "La dernière leçon" et celui d'Emmanuelle Bernheim, "Tout s'est bien passé". Ce n'est pas un sujet "festif" juste avant les fêtes de Noël mais rien ne nous fait peur dans l'Atelier. J'avais donc proposé en octobre une bibliographie sur le rôle du père dans la littérature. Geneviève et Régine ont beaucoup apprécié, "Une année avec mon père", de Geneviève Brisac, publié en 2010 chez l'Olivier. L'écrivaine raconte la dernière année de son père en essayant de l'accompagner au mieux dans son veuvage récent. La relation filiale se tisse au fil des jours avec délicatesse et retenue. Le père s'exaspère de la sollicitude de sa fille et sa fille s'inquiète de la santé de son père. Malgré quelques moments de tension, la tendresse domine dans ce duo émouvant. Ce témoignage sensible sur ces liens particuliers se lit avec un plaisir certain. Pascale a choisi le premier roman d'Anne Berest, "La fille de son père", une histoire qui se présentait bien mais qui a déçu notre lectrice le trouvant trop court, inachevé. Les trois filles de ce père sont-elles sœurs ? Un secret de famille sera dévoilé par la belle-mère, mais Pascale a regretté les conséquences de ce secret sur la vie des personnages. Le père semble absent dans cette famille recomposée. Véronique et Danièle ont lu "L'autographie de son père" de Pierre Pachet, édité en 2006 en livre de poche. L'écrivain utilise la première personne pour raconter la vie de son père, le docteur Simkha Opatchevsky, juif russe né en 1895 et mort à Vichy en 1965. Etudiant exilé en France quand éclate la Première Guerre Mondiale, il fonde sa famille, traverse l'Occupation, change de nom pour échapper aux nazis. Son père n'était pas facile à vivre, selon l'auteur à cause d'une maladie qui perturbe sa vue. Ce portrait sans concession d'un homme complexe relève d'un exercice littéraire de haut vol tellement ce père singulier se livrait peu à son propre fils. Pierre Pachet l'inscrit dans la littérature avec ce portrait d'un homme silencieux, courageux et discret. Odile a beaucoup aimé le récit de Metin Arditi, "Mon père sur les épaules". Vingt ans après la mort de son père, l'écrivain francophone d'origine turque s'interroge sur sa personnalité, un père absent pendant son enfance et fuyant sa responsabilité familiale. L'admiration qu'il éprouve pour ce père tout-puissant se teinte aussi de déceptions envers un homme peu intéressé par sa paternité. Mais, il rend un hommage appuyé à cette figure austère et lointaine sur laquelle sa personnalité s'est construite. (La suite, demain)