mardi 3 janvier 2012

"Le cas Sneijder"

Je vous conseille ce roman de Jean-Paul Dubois, un écrivain très attachant que j'apprécie beaucoup. Il fait partie d'un courant de la littérature française fortement et heureusement influencé par les grands auteurs américains. J'y retrouve un réalisme narratif, un style efficace sans fioritures, "maigre", un personnage principal, paumé, dépressif, lucide et désespéré. Jean-Paul Dubois ne se gêne pas pour critiquer la société du paraître, de l'ambition, de l'écrasement de l'autre. Je démarre très bien l'année 2012 avec ce roman singulier, fort et percutant. Le sujet paraîtrait anodin, Jean-Paul Dubois nous raconte l'usage des ascenseurs mais en fait il l'utilise comme un symbole social : un ascenceur, signal évident de l'ambition, aller toujours plus haut, en pulvérisant les vitesses dans des tours urbaines inhumaines. Paul Sneijder et sa fille aînée se retrouvent à Montréal dans un ascenseur mais celui dégringole et provoque un accident mortel. Trois des passagers dont la fille du narrateur sont tués sur le coup. Paul Sneijder est le seul survivant et commence, pour lui, une descente aux enfers. Il est obsédé par la mort de sa fille et veut comprendre l'origine de l'accident. Il va aussi se lancer dans une nouveau travail dérisoire, celui de promeneur de chiens. Les scènes concernant ce petit "job" sont pleines d'humour et de cocasserie. Il essaie de survivre entre ses chiens, sa famille avec qui il entretient des relations incertaines, sa recherche sur les ascenseurs, et son immense chagrin d'avoir perdu sa fille. Je ne dévoilerai la fin du roman, car il vaut mieux la découvrir en le lisant. Très bon roman avec de l'humour, de la dérision, de la critique sociale et le style inimitable de Jean-Paul Dubois... La première phrase résume le roman à la perfection : "Je devrais être mort depuis le mardi 4 janvier 2011. Et pourtant je suis là, chez moi, dans cette maison qui m'est de plus en plus étrangère, assis, seul devant la fenêtre, repensant à une infinité de détails, réfléchissant à toutes ces petites choses méticuleusement assemblées par le hasard et qui, ce jour-là, ont concouru à ma survie."