mercredi 3 mai 2017

Collection de mots

J'ai déjà parlé de mon goût des collections. A une certaine époque, je collectionnais les cartes postales anciennes sur le féminisme et les métiers féminins, les stylos, les carnets, les marque-pages, les encriers, les livres sur Vieira da Silva, les Pléiade, les premiers livres de poche des années 60, les catalogues de musée, etc. Cette frénésie accumulative s'est tarie au fil du temps et par manque de place, heureusement... Je conserve quelques cartons de ces trésors sans poursuivre la chasse à ces objets souvent liés à l'écriture et aux livres... Il vaut mieux collectionner de l'immatériel. J'ai commencé à apprendre le grec ancien avec Evelyne, ma professeur patiente et généreuse et j'ai eu l'idée de collectionner les mots grecs ! C'est léger, ludique et bénéfique : cette manie bizarre apporte le calcium nécessaire à ma mémoire parfois défaillante. J'ai donc pris un carnet bleu et je commence à écrire sur la colonne de gauche le mot grec sans sa traduction en face. Je préfère apprendre, retenir, mémoriser et ensuite, je déposerai avec un sentiment triomphal le mot français dans la colonne de droite. Après trois ans d'apprentissage du grec ancien, j'ai besoin d'établir un bilan concernant les règles grammaticales, les conjugaisons et le vocabulaire. Car, pour que la mémoire capte dans ses filets tout ce nouveau monde linguistique, il faut travailler régulièrement  et je pratique cette discipline vingt minutes par jour. J'avoue que je peux décrypter une version avec l'aide précieuse et irremplaçable d'Evelyne. Ce patrimoine intellectuel de presque trois mille ans doit être absolument sauvé, sauvegardé, adulé, transmis de génération en génération. Je réalise ce rêve de me retrouver dans la mentalité des Grecs anciens en apprenant leur langage. J'avais appris le latin en trois ans à l'université et le grec me manquait beaucoup. Grâce à Evelyne, je me suis enracinée dans la culture gréco-romaine. Comment ne pas aimer l'Europe quand elle nous a offert la Grèce, l'Italie, l'Espagne sans parler de l'Allemagne, de l'Angleterre et de la Scandinavie et de tous les autres pays ? Collectionner les mots grecs ne prend pas de place, n'encombre pas les étagères. Mon petit carnet bleu devrait comporter un millier de mots et je vais choisir les plus beaux ! Ma collection immatérielle pourra s'enrichir et je remplirai un deuxième carnet et un troisième, etc.