samedi 9 novembre 2019

Escapade à Paris, 1

Avant l'hiver, j'aime bien partir en début novembre et j'ai choisi Paris que je n'ai pas fréquenté depuis quelques années. Je ressens un sentiment ambivalent, dubitatif pour notre capitale où j'ai vécu dans les années 80. Je garde un souvenir merveilleux de cette époque où je déambulais sans fin pendant des heures et des heures. Je vivais mon rêve de libraire en découvrant la vie littéraire de Paris. De la librairie des Femmes à Compagnie, de la Hune à la FNAC, de Gibert Jeune à José Corti, je fréquentais ces lieux comme un pélerinage. Ce Paris de Saint-Germain-des-Prés, je l'ai connu encore authentique et je m'imaginais rencontrant Beauvoir et Sartre que je n'ai pas croisés, hélas. Dans mes souvenirs modianesques, ma mémoire conserve des milliers d'images, de moments, de paysages et de rencontres. Cette ville-livre, cette ville-musée, cette ville-jardin, je l'ai retrouvée pendant ces cinq jours. Je suis descendue dans un hôtel, quai Voltaire, entre l'Institut de France et le musée d'Orsay en face du Louvre. Dans cet édifice de la moitié du XIXe, quelques personnalités l'ont fréquenté : Wagner, Sibelius, Baudelaire, Oscar Wilde. De mon balcon, coulait la Seine, et le Louvre s'étalait devant mes yeux dans toute sa munificence. Mon regard émerveillé débusquait tous les monuments qui se profilaient dans un ciel dégagé : les ponts de l'Ile de la Cité, la Coupole de l'Institut, les tours de Notre-Dame, la Tour Eiffel… Dès ma première journée, j'ai visité le musée Jacquemart-André où m'attendait la collection Alana, l'une des plus précieuses et secrètes collections privées d'art de la Renaissance italienne, actuellement conservée aux Etats-Unis. 75 chefs-d'œuvre étaient présentés au public dispersé en fin d'après-midi : Uccello, Bellini, Lippi, Fra Angelico, Carpaccio, Véronèse, Le Tintoret, etc. J'ai remarqué une Annonciation remarquable de Lorenzo Monaco. Je ne connaissais pas ce musée parisien et j'ai découvert un lieu vraiment intéressant. Je craignais une grosse affluence car l'exposition est assez médiatisée, et j'ai eu de la chance de pouvoir admirer ces tableaux inédits, collectionnés par un milliardaire chilien. Comme j'aime l'Italie et tout particulièrement la Renaissance, je ne pouvais que me réjouir d'avoir vu la collection Alana. Je suis repartie vers mon hôtel en traversant la Place de la Concorde, toujours envahie de voitures, et je me suis promenée dans les jardins des Tuileries, inscrits au Patrimoine de l'UNESCO, un espace jardin magique avec ses deux bassins, ses chaises vertes, ses mouettes, ses statues, ses sculptures contemporaines, ses arbres centenaires. Après la pause restaurant (le Café de l'Empire, rue du Bac), je suis repartie voir la Pyramide du Louvre, illuminée face à l'Arc de Triomphe du Carrousel… Un paysage historique et culturel unique !