vendredi 26 janvier 2018

Rubrique cinéma


Cet après-midi, séance cinéma à l'Astrée pour échapper au ciel d'un gris hivernal. Je voulais voir "La douleur" d'après le récit de Marguerite Duras et comme je me suis trompée d'heure, j'ai opté pour "3 billboards, les panneaux de la vengeance". Dès les premières images, l'ambiance de ce film américain m'a saisie : je me suis retrouvée dans une Amérique profonde, peuplée de personnages bousculés par la vie : alcool, violence, misère intellectuelle, racisme latent, réactions épidermiques primaires. Une femme, Mildred Hayes,  (interprétée par la géniale Frances McDormand) vit un drame terrible : sa fille a été violée et assassinée au bord d'une route six mois avant. Comme la police n'a toujours pas trouvé le violeur de sa fille, elle prend une décision "coup de poing" : elle remarque d'énormes panneaux de publicité à l'abandon. Lasse d'attendre les résultats de l'enquête, elle loue à prix d'or les supports pour accuser le chef de la police avec des mots très forts : "Agonisante et violée, toujours pas d'arrestation ! Comment se fait-il, chef Willoughby ?" Ce coup d'éclat met la petite ville en ébullition. Les policiers réagissent mal, sauf le chef qui vient voir Mildred pour lui apporter des précisions sur l'enquête. Il lui annonce qu'il va mourir car un cancer le condamne. Mais, le chagrin inconsolable de Mildred la rend invulnérable. Elle maintient les panneaux accusateurs sans état d'âme. Le chef de la police se sentant de plus en plus mal finit par se suicider pour abréger ses souffrances. Mildred est accusée de l'avoir acculé à ce geste. Un des policiers, un peu alcoolique, raciste et violent, va défenestrer le jeune homme, loueur des panneaux. Ce geste provoque son renvoi.  Le rythme du film s'accélère dans une montée de violence : Mildred incendie le commissariat dans lequel se trouve l'adjoint du chef. Après son passage à l'hôpital, le jeune policier croise un homme dans un bar qui se vante d'avoir violé une femme... Je ne dirai pas la fin du film pour préserver le dénouement. Frances McDormand joue à merveille le rôle d'une femme meurtrie, impitoyable et vengeresse, une Antigone de l'Amérique profonde qui poursuit sa mission : retrouver l'assassin de sa fille. Le jeune policier raciste et homophobe change au contact de Mildred et de son chef. La violence de la société américaine est dénoncée, surtout dans un pays où les armes sont très appréciées,  mais quelques figures masculines atténuent la noirceur du message : le chef de la police, le fils de Mildred, l'homme nain... Un film fort, émouvant avec un personnage féminin inoubliable. Un western contemporain, une tragédie grecque. Un film sur le deuil impossible et la soif de justice. A voir absolument...

mercredi 24 janvier 2018

Atelier Lectures, 4

Après Virginia Woolf et Albert Camus, trois lectrices (Evelyne, Agnès et Dany) ont lu Sylvain Tesson, "Une vie à coucher dehors", publié dans la collection Folio. Cet écrivain géographe compose une œuvre insolite, basée sur le thème du voyage, des chemins buissonniers et de la découverte. Le recueil a obtenu le prix Goncourt de la nouvelle en 2009. Les quinze textes en question emportent le lecteur(trice) de la Patagonie à l'Afghanistan en passant par la Géorgie. Les personnages de chaque nouvelle affrontent leur destin en se pliant aux forces de la nature et du hasard. Une des nouvelles, "L'asphalte" a particulièrement marqué les lectrices de l'atelier car d'une décision administratif, la construction d'une route, des événements dramatiques vont surgir dans une complète absurdité. La tonalité sombre des histoires n'a pas échappé aux lectrices qui ont quand même eu le courage de lire ce recueil jusqu'au bout... Une autre nouvelle, "Les porcs", évoque le drame terrible des éleveurs et du monde paysan. Servi par un style remarquable, ces textes méritent d'être aussi connus que son récit autobiographique, "Dans les forêts de Sibérie". Geneviève a terminé la séance en présentant le recueil de Marguerite Yourcenar, "Nouvelles orientales". La grande dame de la littérature française a écrit ses textes en 1938, puis les a remaniés en 1963. Elle était fascinée par l'Orient, en particulier par la Chine. Sa première nouvelle, la plus célèbre de toutes, se nomme "Comment Wang-Fô fut sauvé" et relate à la façon d'un conte, la vie d'un peintre, sauvé de son bourreau, grâce à la peinture. Cette allégorie d'une envolée poétique évidente, démontre que l'art sauve et sauvera le monde. De la Chine à la Grèce, des Balkans au Japon, ces contes et légendes susurrent à l'oreille des lecteurs(trices) la magie du style "yourcenarien" et la magnificence de son imagination fabuleuse, inspirée par l'histoire du monde. Ces mythes et légendes, ces contes s'articulent sur le désir, sur l'amour et sur la passion. Ces "Nouvelles orientales" devraient se lire à voix haute, tellement leur musique envoûte les lectrices, et en particulier, Geneviève... L'atelier s'est donc terminé par l'évocation de cette écrivaine qui n'a pas pris une ride. Quand je lis Yourcenar, je ne suis plus de mon temps mais de tous les temps... Les nouvelles choisies et lues ont donc attiré des bonnes ou de moins bonnes critiques mais elles permettent d'approcher avec plus de facilité l'univers romanesque des écrivains choisis dans l'atelier.


lundi 22 janvier 2018

Atelier Lectures, 3

J'avais recommandé quelques recueils de nouvelles dans le cadre de la deuxième partie de l'atelier. Depuis cinq ans que j'anime l'atelier, nous n'avions jamais abordé ce genre littéraire pourtant très intéressant. Beaucoup d'écrivains choisissent ce mode d'expression pour plusieurs raisons : brièveté, concision, histoire courte, galop d'essai, lisibilité, unité de temps, de lieu et de personnages. Evidemment, le public préfère le roman dans la durée que la nouvelle trop brève. Parfois, les gros "pavés" me tombent des mains car ils exigent trop de temps et plus j'avance en âge, moins j'ai envie de me lancer dans une lecture chronophage. J'apprécie de plus en plus les livres sobres, intenses, courts, ramassés, denses et je délaisse les autres candidats qui m'empêchent d'aller plus souvent vers leurs confrères et consœurs... Je ferai une exception pour le dernier roman de Paul Auster, "4321", de plus de mille pages. Quand on aime, on ne compte pas... Nous avons donc abordé les nouvelles de Virginia Woolf, de Marguerite Yourcenar, d'Albert Camus et de Sylvain Tesson. Régine a bien retrouvé le style impressionniste de Virginia Woolf, sa sensibilité à fleur de peau et sa perception profonde de la réalité environnante. A chaque nouvelle, sa chute comme cette marque sur le mur que le personnage interprète en utilisant le rêve éveillé alors que ce n'était qu'une trace d'escargot... Janine et Danièle ont lu avec beaucoup d'intérêt le recueil d'Albert Camus, "L'exil et le royaume", publié en 1957. Ces nouvelles démontrent le génie de l'écrivain et l'une d'entre elles résonne toujours aussi fort encore aujourd'hui. Dans le premier texte, intitulé "La femme adultère", une femme mollement amoureuse de son mari l'accompagne dans ses déplacements professionnels. Une nuit, elle quitte sa chambre et part seule pour vivre un moment de liberté intense devant le désert. Choisira-t-elle le royaume de la liberté ou l'exil dans son couple ? Chaque personnage des nouvelles est enfermé dans un cercle social, économique ou idéologique et Albert Camus, avec son immense humanité, raconte leur vertige existentiel et leur crise face à un choix vital : l'exil ou le royaume. La sobriété sublime du style camusien s'est même bonifiée avec le temps. A lire absolument. La suite, demain.

mercredi 17 janvier 2018

Atelier Lectures, 2

Je poursuis le compte-rendu des coups de cœur avec Mylène. Sur les conseils de Marta, une bibliothécaire de Chambéry, Mylène a présenté un roman de Rhéa Galanaki, "L'ultime humiliation". Deux dames âgées, Nymphe et Tirésia,  partagent une chambre dans une maison de retraite à Athènes. Quand elles apprennent que leur foyer est menacé de fermeture à cause de la crise économique, elles décident de fuir et se retrouvent au cœur des manifestations de la place Syntagma en 2012. Ces deux complices croisent la route de quelques militants qui symbolisent les déchirures politiques du pays entre anarchisme et extrême-droite. Un premier roman très réussi sur les soubresauts de la crise grecque et sur les dégâts qu'elle provoque dans la vie du peuple grec. Mylène a aussi évoqué le livre de Belinda Cannone, "S'émerveiller" que j'avais aussi beaucoup apprécié. Ce bel ouvrage de photos et de textes est un hymne à la vie. Danièle a étonné le cercle des lectrices en présentant un grand classique de la littérature autrichienne, "Les grands bois" de Adalbert Stifter, publié dans la belle collection, "De l'imaginaire". Cet écrivain singulier, né en 1805, était aussi peintre et professeur. Dans ce livre, la magie opère dans les descriptions de la forêt profonde où un père met ses enfants à l'abri d'une guerre qui menace. Le texte, traduit par le poète Henri Thomas, se rapproche d'une littérature dite du réalisme merveilleux ou des contes traditionnels. Comme il est rare qu'une lectrice présente un classique du XIXe, j'étais ravie de cette initiative "audacieuse"... Agnès a beaucoup aimé le roman d'Andreï Makine, "L'archipel d'une autre vie", publié au Seuil en 2016. L'écrivain raconte une longue chasse à l'homme dans une Sibérie glaciale. Quand le soldat Pavel apprendra l'identité du fugitif anonyme, sa vie en sera bouleversée... Agnès a parlé aussi du roman de Mario Vargas Llosa, "Le paradis, un peu plus loin". L'écrivain péruvien raconte les destins croisés de Flora Tristan et de Paul Gauguin. Flora, la féministe, était la grand-mère de Paul, le peintre impressionniste... J'aime l'éclectisme des livres choisis par mes amies lectrices de l'atelier et le vrai gagnant dans ces rencontres "littéraires" concerne l'acte de lire, la lecture vivifiante et partagée que nous pratiquons avec un plaisir toujours renouvelé...

mardi 16 janvier 2018

Atelier Lectures, 1

Ce mardi 16 janvier, nous étions réunies à l'AQCV de Chambery dans le cadre du premier atelier lectures de l'année. Au programme, les habituels coups de cœur et les lectures recommandées. Je commencerai par la première partie : Geneviève et Janine ont eu le même coup de cœur. Il s'agit du Prix Goncourt de l'année dernière, "L'ordre du jour" d'Eric Vuillard, publié chez Actes Sud. Comme le dit Geneviève avec ses mots, l'écrivain est un "super malin" car, à partir d'événements historiques, il raconte des scènes anodines de repas, de rencontres entre des industriels allemands et le parti nazi. Il dénonce la compromission des élites économiques avec le monde politique. Il est question aussi de l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne et du cynisme absolu des nazis. Eric Vuillard compose des récits "symphoniques" sur des faits historiques, toujours écrits avec un style travaillé, précis et précieux. Un prix Goncourt amplement mérité... Dany a évoqué le livre d'une écrivaine nigérianne, Chimamanda Ngozi Adichie, "Americanah", édité chez Gallimard. La narratrice passe sa vie entre Lagos et Philadelphie où elle constate que son identité de femme noire se vit différemment dans les deux pays. Un livre détonnant et aussi une grande histoire d'amour. Régine a bien apprécié "La vie magnifique de Frank Dragon" de Stéphane Arfi, un premier roman où le narrateur, un petit garçon, dans son langage revisité, relate sa vie quotidienne dans la France des années 40 quand il échappe aux rafles et au camp de concentration. Il se réfugie dans un pensionnat religieux. Régine nous a lu des extraits du livre pour nous donner envie de le lire : mission réussie. Un très bon roman, émouvant et original sur le thème de l'enfance maltraitée par l'Histoire et pourtant réconciliée. Sylvie a beaucoup aimé "La Tresse" de Laetitia Colombani, un best-seller de l'édition que nous avons déjà évoqué dans l'atelier. Elle a surtout été émue par le sort des Intouchables en Inde. Son deuxième coup de cœur concerne Florence Artaud, "Cette nuit, la mer est noire", récit de son naufrage en Méditerranée en 2011, quand sa vie tenait à un fil. Elle a été sauvée cette fois-là mais ne survivra pas à un accident en hélicoptère en 2015. Destin tragique d'une femme courage, la seule navigatrice à oser traverser l'océan atlantique en 1990 dans l'épreuve de la Route du Rhum. La suite, demain...

vendredi 12 janvier 2018

Rubrique cinéma

Mardi après-midi, séance cinéma avec "L'échange des princesses" de Marc Dugain, d'après le roman de Chantal Thomas. En 1721, Philippe d'Orléans, Régent de France, décide avec autorité un "échange de princesses" pour consolider la paix avec l'Espagne après des années de guerre qui ruinent les deux pays. Louis XV n'a que 11 ans et va devenir Roi. Il doit épouser l'Infante, Anna Maria Victoria, âgée de 4 ans ! Le Régent impose aussi à sa propre fille, Melle de Montpensier, de se marier avec l'héritier du trône d'Espagne, Don Luis. Le film raconte donc cet échange insolite entre des enfants. Le petit Roi regarde sa promise comme une "naine", une petite fille miniature qu'il ne voit pas comme sa future femme. Il lui dit dans un instant de cruauté qu'elle ne grandira jamais. En Espagne, Don Luis tombe immédiatement amoureux de sa promise, Melle de Montpensier, mais elle le repousse et se refuse sans cesse. Cette jeune fille rejette cette mascarade royale et pesante et se conduit comme une rebelle dans le décor glacial du palais. Don Luis se suit pas les conseils grossiers de son père qui exige de son fils un comportement de "mâle". Philippe V, interprété par Lambert Wilson, possède une foi excessive et hystérique. La raison d'état prévaut sur tout. Son fils ne survivra pas à la maladie mortelle, la variole, qui le frappe alors que sa jeune épouse commençait à l'accepter car le jeune homme la respectait. Louis XV finira par se lasser de la petite fille et la renverra en Espagne. Dans ce monde compassé et raide, Melle de Montpensier détonne et apporte au film une respiration salutaire. Le spectateur(trice) est captivé(e) par les décors somptueux de ce monde monarchique et par le décorum flamboyant avec une myriade de domestiques dans tous les moments de la vie des monarques (y compris dans leur cabinet de toilette). Seules, les femmes apportent au film beaucoup d'humanité : la candeur de la petite infante, innocente et bienfaisante, le caractère rebelle de Melle de Montpensier, la présence de la grand-mère du jeune roi (qui proclame que les femmes sont de "la viande à marier"), et surtout le rôle discret, généreux et émouvant de la gouvernante, interprétée magistralement par Catherine Mouchet. Ce très bon film historique décrit un monde fermé, hiérarchisé à l'extrême, dominé par le pouvoir masculin. Les femmes n'ont aucune liberté, aucun libre-arbrite. Heureusement, elles résistent par leur silence, par leur générosité et par leur innocence... Marc Dugain semble éprouver une grande tendresse pour elles... L'année cinématographique commence bien...

jeudi 11 janvier 2018

La librairie d'Emmaüs

Cet après-midi, j'avais envie de partir à la recherche de quelques livres concernant les programmes que je proposerai à mes lectrices de l'atelier cette année, de février à juin. J'avais mon petit carnet où je note, par ordre alphabétique, les écrivains que je recherche. La librairie d'Emmaüs se situe à la Motte-Servolex dans la zone industrielle. Il n'est pas toujours facile de se garer même en janvier car les vêtements, les meubles d'occasion, la vaisselle, s'affichent à des prix très bas et attirent du monde. Quand je traverse les espaces dédiés aux objets de toutes sortes, aux meubles démodés, aux canapés fatigués, je ressens une drôle d'impression. Cette accumulation me fait penser aux œuvres d'Arman. Cet artiste contemporain expose des objets cumulés en les intégrant dans des tableaux. La société de consommation bat son plein dans cette brocante humanitaire. Si un volcan surgissait du côté d'Emmaüs et recouvrait le bâtiment d'un nuage de cendres comme à Pompéi et à Herculanum, des archéologues du troisième millénaire s'amuseraient à reconstituer la vie en Europe dans les années 2000. Avec tous les matériaux qu'ils sortiraient de la couche de cendres, je suis sûre que certains objets leur seraient inconnus comme des paires de ski (le climat a tellement changé en mille ans !), des fourchettes à escargots, des moulins à café et tant d'autres gadgets inutiles qui font le bonheur des consommateurs convulsifs... Courage pour ces archéologues de l'avenir ! Seuls, les livres m'intéressent et je passe mon temps dans cet espace bien organisé par les bénévoles. Je suis restée presque deux heures à farfouiller dans les rayons, à déplacer les piles de livres, à trier les caisses, à butiner sur les tables : un travail de cueilleur de champignons dans la masse de papier. Je n'ai trouvé aucun ouvrage que j'avais noté dans mon carnet, mais, je suis repartie avec un sac de livres. Dans le secteur de l'art, un titre a attiré tout de suite mon attention car je le cherchais depuis pas mal de temps. Il s'agit de "La peinture grecque" chez Skira/Flammarion, édité en 1978 en Suisse. Ce livre n'attendait que moi pour l'adopter. J'ai aussi acheté un document sur les Etrusques, des romans (Siri Hustvedt, McEwan, Sapienza) et un récit de Georges Perec (Espèces d'espaces)... Merci à Emmaüs de recueillir tous ces livres donnés et abandonnés par leurs propriétaires... Ils font le bonheur des parents adoptifs !

mercredi 10 janvier 2018

"Poupée volée"

J'ai découvert le roman d'Elena Ferrante, "Poupée volée", publié en 2009, chez Gallimard dans l'excellente collection "Du monde entier". Leda, une enseignante à l'université de Florence, passe ses vacances, seule, au bord de la mer, du côté de Naples. Elle s'installe dans un appartement et se rend tous les jours à la plage. Ses deux filles adultes ont choisi d'aller vivre au Canada près de leur père. Comme elle passe son temps à la plage, elle observe une famille nombreuse, tonitruante et sans gêne. Dans cette famille napolitaine, la narratrice s'attache à Nina qui forme avec sa petite fille, Elena, un couple complice et marginal dans la tribu familiale. Leda songe à ses propres filles qu'elle avait abandonnées pendant trois ans quand elles étaient toutes petites. La maternité assumée de Nina force son admiration et multiplie ses interrogations. La petite fille adore sa poupée qu'elle traite comme un vrai bébé. Un jour, la petite fille égare sa poupée sur la plage. Tous les membres de la famille se mettent à la rechercher vainement, car Leda l'a subtilisée dans son sac de plage. Ce geste inconscient va déclencher un tournant dans le récit. La petite fille pleure sans cesse d'avoir perdu sa poupée. Mais, cette nouvelle n'ébranle pas Leda. A-t-elle agi par vengeance ? Par dépit ? Voulait-elle punir cet amour maternel qu'elle n'avait pas vécu avec ses propres filles ? La maman de la petite fille se rapproche d'elle, car elle lui demande l'appartement pour rejoindre son jeune amant. Elle découvrira le forfait de Leda dans une incompréhension furieuse. Leda se débat sans cesse entre la culpabilité et l'aveu de son acte. Elena Ferrante compose un portrait subtil, ambigu et profond d'une femme abandonnée par ses filles, renvoyée dans une solitude totale et dans un isolement social qu'elle subit dans sa vie. Va-t-elle rendre la poupée à la petite fille ? Je ne donnerai pas la réponse. Il vaut mieux découvrir ce roman, écrit avant la superbe saga en quatre tomes, "L'amie prodigieuse" et qui préfigure le talent génial de cette écrivaine italienne qui se protège des médias. Comment devenir un bonne mère ? Elena Ferrante décrit avec acuité et profondeur ce sentiment maternel mystérieux et tellement intime..

mardi 9 janvier 2018

France Gall, une femme française

Quand j'ai appris le décès de France Gall, j'ai éprouvé un sentiment d'injustice. Frappée par une récidive de son cancer, elle est partie à l'âge de 70 ans. Je lui rends hommage dans ce blog car elle a symbolisé un certain esprit de liberté, de vitalité et de féminité  avec ses chansons composées par son complice, Michel Berger. Ce dimanche, toutes les chaînes de télévision ont montré les images emblématiques de sa carrière. Bien que ma culture musicale se soit tournée vers le classique et l'art lyrique, j'ai tout de même écouté les chansons de France Gall quand j'étais jeune dans les années 60. Je préférais pourtant Françoise Hardy et sa mélancolie amoureuse. Dans les années yé-yé, les chanteuses séduisaient les filles car elles étaient audacieuses, follement vivantes et devenaient des modèles pour beaucoup d'entre nous.  Les médias présentent la chanteuse comme la femme "de" certains chanteurs célèbres, mais peut-être serait-elle meurtrie d'être considérée de cette façon caricaturale. Quand on la voit chanter "Résiste", elle ne semblait pas vivre sous la domination masculine. France Gall semblait vivre loin du monde des paillettes, du bling-bling des "people". Ses malheurs personnels (la mort de son compagnon et celle de sa fille de 19 ans) l'ont éloignée de son public et elle soignait ses plaies vives au Sénégal, un pays qui l'avait accueillie avec bienveillance. Elle a milité pour la scolarité des enfants d'Afrique et contre la faim dans le monde. Au fond, elle représente l'antithèse d'une idole virile du rock, disparue récemment et pas du tout engagée dans les causes humanitaires. Pour lui, une messe médiatique à un million de fidèles. Pour elle, une cérémonie en privé. France Gall était surtout aimée par des femmes et des homos... Alors, bien que ses chansons aient bercé des générations de jeunes et d'adultes, France Gall part sur la pointe des pieds avec la discrétion légendaire des femmes... Elle portait un beau prénom, France, comme celui de ma mère. Elle représentait une certain pudeur, une certaine candeur, surtout à ses débuts quand elle chantait les sucettes à la menthe que Charles Gainsbourg avait composées avec sa lubricité légendaire... Ce monde des années 60 à 80 commence à montrer des signes d'effacement, et une femme comme France Gall a marqué notre jeunesse avec ses mélodies tendres, légères et aériennes ...

lundi 8 janvier 2018

"Souvenirs dormants"

J'ouvre le dernier Patrick Modiano et je lis : "Un jour, sur les quais, le titre d'un livre a retenu mon attention, Le Temps des rencontres. Pour moi aussi, il y a eu un temps des rencontres, dans un passé lointain". Dès la première ligne, le charme modianesque opère. Cela m'arrive à chaque parution d'un roman de ce grand écrivain de la mémoire, une mémoire fugitive, fragmentaire, effilochée. Un écrivain ressemble souvent à un archéologue fouillant son propre passé avec une obstination rare. Des voix, des visages, des corps le traversent sans cesse, comme les noms de rues, de boulevards, d'immeubles de Paris. L'œuvre littéraire de Patrick Modiano a hérité de l'incessante recherche du temps passé en petit-fils spirituel de Proust. Dans son dernier opus, "Souvenirs dormants", il évoque ses rencontres de jeunesse dans un Paris des années 60. Dans son récit autobiographique, "Pedigree", il écrit : "Peut-être, tous ces gens, croisés au cours des années soixante, et que je n'ai plus jamais eu l'occasion de revoir, continuent-ils à vivre dans une sorte de monde parallèle, à l'abri du temps, avec leur visages d'autrefois". Jean D., le narrateur, âgé de vingt ans, raconte ses rencontres féminines : Mireille, Geneviève, Madeleine sans dire s'il avait des relations intimes avec elles. Il s'attarde davantage sur une femme qu'il ne nomme pas car elle a peut-être tué son amant. Il la protège et fuit avec elle pour éviter la police. Ils s'installent dans un hôtel comme des clandestins et se font oublier. Cinquante ans plus tard, cet événement hante la mémoire du narrateur. Patrick Modiano écrit en évoquant toutes les relations de sa jeunesse : "Aucun d'eux ne m'a donné de ses nouvelles, ces cinquante dernières années. Je devais être invisible pour eux, à cette époque. Ou bien, tout simplement, vivons-nous à la merci de certains silences". Le narrateur décrit tous les quartiers traversés, les rues et les hôtels, toute une cartographie de Paris que l'on retrouve dans ses romans, comme un leitmotiv obsessionnel. Modiano est peut-être le seul écrivain géographe, le seul écrivain archéologue que je connaisse. Ce beau roman, "Souvenirs dormants", propose aux lecteurs(trices) une méditation littéraire sur les souvenirs enfouis et sur la recherche d'indices cachés, de traces ténues, de fragments mémoriels... La magie Modiano...

vendredi 5 janvier 2018

Hommage à P.O.L.

Les éditions P.O.L. ont perdu leur pilote : il s'appelait Paul Otchakovsky-Laurens, mort dans un accident de voiture en Guadeloupe à l'âge de 73 ans. Il était accompagné de sa femme, Emmelene Landon, écrivain et peintre, blessée dans cet accident. J'évoque cet éditeur, peut-être peu connu du public, parce qu'il représentait à mes yeux la quintessence d'un métier noble, celui d'éditeur. Je l'avais rencontré dans les années 80 quand j'étais libraire à Bayonne et il avait rassemblé à Toulouse une vingtaine de jeunes libraires pour leur faire connaître la ligne éditoriale de sa maison. La couverture blanche austère, ses trois initiales gravées, la qualité du papier, attiraient déjà l'œil des amateurs. Et la naissance d'une maison d'édition n'est pas un événement courant. Je me souviens de cet homme qui respirait l'amour total de la littérature. L'esprit de "commerce" n'appartenait pas à ses valeurs premières. Il ne pensait qu'à l'écriture, au style, à la forme, à l'expression et lire un P.O.L., revenait souvent à ouvrir un livre de "qualité", découvrir un écrivain, un univers littéraire, une voix nouvelle dans le panorama des lettres françaises. Sa droiture morale, son honnêteté intellectuelle, son soutien inconditionnel à ses "poulains" ont été soulignés par la presse littéraire. Le quotidien Libération lui a rendu un hommage superbe en reprenant la couverture d'un livre édité chez P.O.L. avec ses mots : "Paul Otchakovsky-Laurens, Editer mode d'emploi, éditeur de Perec, Duras, Carrère ou Darrieussecq, figure majeure du monde littéraire, il est mort dans un accident à 73 ans". Je retiens quelques noms de son "écurie" dont celui de Georges Perec et de Charles Juliet que je lis depuis toujours... L'année dernière, il avait tourné un film sur le métier d'éditeur que je n'ai, hélàs, pas vu car l'Astrée ne l'a pas diffusé... Dans un entretien, publié dans le Monde des Livres, l'éditeur définit la spécificité de sa maison ainsi : "Il s'agit de montrer par la pratique éditoriale que la littérature est multiple, contradictoire et vivante. Mais ce qui lie tous les écrivains, c'est la préoccupation de la langue, ce matériau qu'on essaie de faire bouger". Les éditions P.O.L. ont reçu des prix littéraires dont plusieurs Médicis, un Goncourt, des Femina. Il ne faut pas oublier le rôle majeur des éditeurs dans le monde littéraire, car sans eux, les écrivains seraient condamnés au silence et à l'anonymat. J'espère que sa maison d'édition, placée sous la houlette de Gallimard, continuera sa mission de découvreur de talents littéraires... 

jeudi 4 janvier 2018

Mes cinq films préférés

J'avoue une fréquentation réduite dans les salles de cinéma de l'Astrée en 2017. Comme je n'ai vu qu'une dizaine de films, j'en présente cinq qui m'ont vraiment intéressée. Je cite de prime abord le film de Mathieu Almaric, "Barbara" avec dans le rôle principal, Jeanne Balibar. Cette fiction biographique sur la chanteuse, disparue en 1997, entraîne le spectateur(trice) dans une mélopée obsessionnelle où l'on entend les chansons de Barbara, interprétées par la comédienne. Une fusion de personnalités s'opère devant nos yeux médusés : les deux femmes n'en font qu'une, sublime, tragique et unique. Le tournage du film, les archives, la musique, les rencontres (surtout avec Pierre Michon qui joue le rôle de l'imprésario de Barbara) forment une mosaïque subtile et inédite. Au fond, Barbara garde son mystère et son aura de diva fatale. Je reste dans le même registre avec le film documentaire sur la Callas, encore une chanteuse d'opéra, une cantatrice qui a marqué avec sa voix le répertoire classique. Elle ressentait le manque d'une vie "normale" et s'est sacrifiée à son art. J'ai bien aimé un film sur les années 70 de Thomas Vinterberg, "La communauté". Le réalisateur danois s'est inspiré de son expérience car il a vécu dans une communauté depuis l'âge de sept ans jusqu'à ses 19 ans au Danemark dans les années 70. Le "vivre en commun" peut enthousiasmer des amateurs sincères de de mode de vie mais, il est dur de partager son propre compagnon avec une fille plus jeune... Ce film raconte l'échec de l'expérience "communautaire" avec humour, sourires et grincements. Autre registre avec "The lost  city of Z" : un film de James Gray sur l'histoire vraie d'un des plus grands explorateurs du XXe siècle. Percy Fawcett, colonel britannique, part à la conquête d'une cité perdue en Amazonie... Cartographier un territoire vierge, rencontrer des indiens hostiles, vivre dans la jungle, chercher une cité oubliée, quitter sa famille, son pays, risquer sa vie : comment ne pas apprécier ce film ? Et ce n'est pas un film pour ados... Je terminerai ma sélection par la dernière comédie italienne, "Un paese quasi perfecto". Un village se meurt dans l'Italie du Sud. Quelques villageois se révoltent contre cette mort annoncée et invitent un médecin de Rome pour prouver que tout n'est pas encore perdu... Une pépite rare dans le cinéma, vue dans le cadre du Festival du film italien à Chambéry.  J'espère que l'année 2018 sera plus cinématographique pour moi...

mercredi 3 janvier 2018

Mes douze séries préférées de 2017

Mon goût des séries a commencé dans les années 2010 que j'appellerai l'âge d'or de ce genre cinématographique. Mon frère, bien plus jeune que moi, m'a initiée avec "Lost", "Desesperates housewives", "Dexter" et "Urgences"... J'ai donc continué à regarder avec plaisir ces films à longue durée, découpés en vingt épisodes ou moins. Et en plus, cerise sur le gâteau, j'ai appris que les séries se renouvelaient de saison en saison ! Les personnages vieillissent en même temps que nous... L'année dernière, j'ai visionné un grand nombre de ces films illimités et je recommande particulièrement celles ci :
Janvier : "The Young Pope", saison 1 d'un grand réalisateur italien, Paolo Sorrentino. Décors luxueux, personnages sulfureux, musique envoûtante, portrait d'un pape original.
Février : "Les Vikings" saison 4, formidable saga scandinave au VIIIe siècle entre batailles, pillages et traditions dans des décors époustouflants.
Mars : "Les Médicis",  la magnificence de cette famille florentine, la Renaissance et les complots sans fin.
Avril : "Berlin 56", une série allemande de grande qualité, sur l'après-guerre et sur le passé nazi de l'Allemagne.
Mai : "Dix pour cent", une série française agréable sur la vie agitée des imprésarios, découvreurs d'artistes.
Juin : "Peaky Blinders", saison 3, l'Irlande, dans les années 20 avec une famille de voyous, trempée dans les jeux, l'alcool et la contrebande avec la violence en prime.
Juillet : "Squadra criminale", série italienne policière de qualité avec une commissaire superbement belle.
Août : "The Affair" en trois saisons, un homme mûr tombe fou amoureux d'une jeune femme perdue et déprimée par la mort de son enfant. Il quitte sa famille pour refaire sa vie avec elle.
Septembre : "Homeland" saison 6, elle s'essouffle un peu mais conserve son intérêt pour le personnage principal, atteint de la bipolarité.
Octobre :"Broadchurch" saison 3, un très bon thriller anglais, qualité Outre-Atlantique avec un couple d'enquêteurs très sympathiques.
Novembre : "Games of Thrones" saison 6, décors naturels somptueux, conquête du pouvoir, mur de glace, dragons, un conte pour les grands.
Décembre : "Les Américains", saison 3, un couple d'espions russes en Amérique, le patriotisme pendant la Guerre froide.
Les séries européennes me semblent souvent plus subtiles, plus nuancées que ses sœurs américaines, les plus connues du public. J'évite aussi les séries trop violentes, celles où l'on voie des morts-vivants trop glauques, celles qui proposent des dialogues d'une affligeante vulgarité. Il faut vraiment savoir trier et trouver les bonnes pépites dans ce monde inflationniste de la fiction filmée...  

mardi 2 janvier 2018

Mes dix essais préférés de 2017

Après les romans, j'ai choisi dix essais que j'ai particulièrement appréciés l'année dernière :
Janvier : "Une chambre à soi" de Virginia Woolf, une étude sur la condition féminine traitée avec humour et lucidité. Pour écrire, lire, créer, les femmes ont besoin d'indépendance et d'autonomie financière. Un constat écrit au début du XXe siècle qui n'a pas pris une ride...
Février : "La philosophie comme une manière de vivre" de Pierre Hadot, un manuel de savoir vivre, une leçon de vie qui s'appuie sur la philosophie grecque.
Avril : "Le piéton de Rome" de Dominique Fernandez, un guide culturel littéraire, une gourmandise de l'esprit pour tous les amoureux de cette ville magique, une promenade artistique et historique.
Juin : "S'émerveiller" de Belinda Cannone, un beau livre de photos et de textes sur la nature, sur le désir, sur l'attention aux êtres et aux choses, un antidépressif garanti.
Juillet : "Pensées" de Marc Aurèle, la philosophie stoïque de l'empereur philosophe, simple à lire et à comprendre. Cet homme d'un passé très lointain est notre contemporain.
Août : "Eloge du risque" d'Anne Dufourmantelle, un guide pour vivre avec intensité et sans peur du risque à tous les niveaux.
Septembre : "Marguerite Yourcenar, carte d'identité" de Henriette Levillain, une biographie agréable à lire pour mieux connaître le génie de cette grande dame de la littérature française.
Octobre : "C'est chose tendre que la vie, entretiens avec André Comte-Sponville. Une lecture profonde et intelligente pour comprendre quelques thèmes majeurs de la philosophie contemporaine, sans verbiage et sans jargon de spécialiste. 
Décembre : "Le beau livre de l'Antiquité", pour retrouver les grands moments de cette époque si "récente" et "En terrain miné" avec Alain Finkielkraut et Elisabeth de Fontenay, une correspondance stimulante entre deux philosophes d'aujourd'hui.
Voila pour les documents, essais, récits de l'année. Depuis que j'assiste à des cours de philosophie, j'aime découvrir des œuvres et des commentaires qui illustrent les thèmes étudiés. Dans la liste, mes centres d'intérêt sont dévoilés avec clarté : la littérature, l'Antiquité, la philosophie et les voyages... 

lundi 1 janvier 2018

Mes douze romans préférés de 2017

J'ai repris mon petit carnet où je note mes lectures depuis janvier et j'ai ainsi appris que j'avais découvert cent vingt et un ouvrages, romans, récits et essais confondus... J'ai divisé ce nombre par douze et j'obtiens une très bonne moyenne : 10 livres par mois. Pas mal pour une littéraire... Je fais peut-être partie de la catégorie des grands lecteurs boulimiques qui se fait de plus en plus rare dans notre société des écrans. Pourtant, je ne me consacre pas tout mon temps à cette activité que certains de nos contemporains trouve démodée, caduque, archaïque voire archéologique... Mais, comme j'aime tout particulièrement l'étude des temps anciens, surtout des Grecs, je revendique cet attachement profond à la littérature depuis mon plus jeune âge. Quand on se baigne dans l'océan immense des pages, le livre devient une bouée de secours permanente... Je vais donc dès aujourd'hui choisir mes douze meilleurs romans à la façon de la revue Lire qui établit un palmarès des meilleurs livres de l'année. Je ne les classe pas par ordre de préférence (c'est trop injuste) mais par ordre chronologique :
Janvier : "Vers le phare" de Virginia Woolf, un chef d'œuvre sur le passage du temps et les rêves manqués... Une deuxième lecture encore plus profonde d'une femme géniale. 
Février : "Beauté" de Philippe Sollers pour son hymne à la vie, à la culture et à l'amour.
Mars : "Douleur" de Zeruya Shalev. Cette écrivaine israélienne possède un talent fou pour évoquer la crise du couple, de la famille et de l'amour.
Mai : "Croire au merveilleux" de Christophe Ono-dit-Biot pour la Grèce antique, le deuil accompli et la vie retrouvée.
Juin : "Un fil de bobine bleue" d'Anne Tyler, une saga familiale poignante et subtile sur les dégâts de l'âge. 
Juillet : "Dans ce jardin qu'on aimait" de Pascal Quignard, un roman sur l'amour inconsolable.
Aout : "L'identité" de Milan Kundera, sur les mystères de l'être et sur la connaissance de soi.
Septembre : "Souvenirs de la marée basse" de Chantal Thomas, le portrait d'une mère, folle de la nage et mère difficile.
Octobre : "Une Odyssée. Un père, un fils, une épopée", mon coup de cœur de l'année pour ce magnifique livre, un hymne à la culture homérique et à la Grèce antique.
Novembre : "Nos vies" de Marie-Hélène Lafon, un style et un regard et "Summer" de Monica Sabolo. un thriller psychologique venu de Suisse. 
Décembre : "Souvenirs dormants" de Patrick Modiano, le souvenir et l'oubli. 
Je remarque une parfaite parité entre six hommes et six femmes alors que je n'ai pas eu cette intention. J'ai introduit des "classiques" comme Virginia Woolf et Milan Kundera, des écrivains confirmés, un écrivain prometteur comme Monica Sabolo. Que me réserve l'année 2018, rendez-vous dans un an...