vendredi 27 décembre 2013

"Eclats d'insomnie"

J'ai déjà mentionné cette écrivaine, Diane de Margerie,  dans mon blog, à propos de "La passion de l'énigme". Je l'ai retrouvée avec beaucoup de plaisir en lisant son dernier récit, "Eclats d'insomnie", paru chez Grasset en 2013. Il s'agit d'un journal intime sur un an, de septembre 2011 à septembre 2012. Ce récit autobiographique ne contient aucun événement sensationnel, bouleversant ou tragique même si elle traverse de graves soucis de santé. Elle évoque, avec sa musique stylistique irremplaçable, sa vie quotidienne à Chartres où elle habite, ses fréquents déplacements à Paris pour des raisons professionnelles (elle est membre du jury Femina), les nombreux voyages et les pays de prédilection sans oublier ses amis en souffrance. A plus de quatre-vingt ans, cette femme de lettres au sens le plus intelligent du terme, décrit ses moments "d'éclats d'insomnie" avec une lucidité rare, sans fard, avec une simplicité déroutante et une délicatesse profonde. Sa raison de vivre, elle l'a trouvée dans l'écriture sous toutes ses formes : l'essai, la traduction, la fiction et la critique littéraire. Ses multiples talents ont forgé une personnalité où l'amour de la vie l'emporte sur les inquiétudes et les interrogations. Elle nous communique un élan vital quand elle écrit ces mots : "Et la vie est un tel don (pour ceux qui ont le privilège de pouvoir la vivre comme moi) que je ne dois pas la laisser filer sans en garder une trace. Trop d'années ont ainsi disparu dans un gouffre, des années de formation, de bonheur ou encore des années ternes, mornes, comme si rien ne s'était passé, alors que, si justement, : tantôt l'espoir lové dans les moments merveilleux, tantôt la répulsion des désenchantements." Son journal intime rassemble des notations de son quotidien souffrant mais aussi de son émerveillement devant la nature et les oiseaux, de Paris et de Chartres, et surtout de ses nombreuses lectures et remarques sur des écrivains qu'elle affectionne tout particulièrement comme Proust, Edith Wharton (qu'elle a traduit), Antonio Tabucchi, Roland Barthes, etc. Diane de Margerie évoque fréquemment sa nouvelle sérénité peut-être ressentie grâce à son âge, où tous les moments sont comptés, gagnés et vécus pleinement. Lire cet ouvrage confirme la certitude que la littérature peut aussi nous embarquer vers des rivages heureux et sereins surtout en compagnie de Diane de Margerie...