lundi 12 juin 2023

Escapade en Sardaigne, le site archéologique de Nora

 Je ne connaissais pas encore la Sardaigne et j'ai pris un billet d'avion pour Cagliari en préparant un parcours de Cagliari à Tharros, plus de 800 kilomètres en voiture (trop âgée pour prendre une bicyclette ou un aeronef décarboné !). Tant que l'avion n'est pas totalement interdit par les "talibans verts", j'en profite pour découvrir une petite partie géographique de notre planète. J'éprouve une gratitude permanente pour l'Italie : du Nord au Sud en passant par la Sicile, terre de beauté naturelle et de culture éternelle. Tous les ans, je pars en pèlerinage dans cette contrée proche où je me sens chez moi dans une deuxième patrie choisie. La Sardaigne présente des atouts combinant une nature préservée et une culture archéologique assez mystérieuse. Ma première étape concernait la petite ville de Pula où se situe le site de Nora à une heure de Cagliari, côté Sud-Est. Avant de parcourir Nora, j'ai posé ma valise chez Fabrizzio et Danisia, mes hôtes sardes d'une gentillesse toute naturelle. La solution d'une chambre chez l'habitant présente des avantages pour palper l'atmosphère d'une région. Un repas succulent nous a été servi sur la terrasse de leur maison et j'ai goûté un des plats traditionnels sardes : les "malloreddus ou gnocchetti" aux palourdes et aux poissons (qui n'a rien à voir avec les gnocchi). Le pain se nomme "carasau" et il ressemble à des crêpes fines. Mais, avant de déguster ce repas, j'ai visité le site archéologique de Nora, Au VIIe siècle avant notre ère, les Phéniciens ont bâti ce comptoir de commerce au bord de la mer Méditerranée. Ces ruines ont aussi connu des Carthaginois, des Romains (qui ont conquis la Sardaigne en 238 avant J.-C.), et la cité sera rasée par les Vandales au Ve siècle. Cité prospère à une époque donnée, cité disparue mille ans plus tard... Toutes les civilisations sont mortelles disait Paul Valéry. Se balader sur les chemins pavés de cet espace me ravit toujours autant (je ressens le poids du temps et de son évanesce) et deviner des thermes, des temples, des maisons avec des mosaïques au sol et des espaces publics demande beaucoup d'imagination. Qu'importe ! La magie du lieu demeure et laisse des traces dans toute mémoire humaine. Comble du bonheur pour moi : les vestiges étaient investis par des mouettes qui virevoltaient dans le ciel et se posaient sur les murailles édentées. Peu de touristes arpentaient le lieu et ces deux heures passées dans ces ruines phéniciennes et romaines m'ont offert une parenthèse temporelle que je ressens toujours sur un site archéologique. Il faut savoir fermer les yeux devant un bâtiment comme des thermes et aussitôt des personnages apparaissent vaquant à leurs occupations quotidiennes. Peut-être que ces ancêtres qui vivaient dans ce port de commerce regardaient l'horizon comme moi, se pressaient pour se baigner ou pour aller à l'amphithéâtre. Ils ont marqué les murs de leurs habitations et quand j'arpentais les ruelles pavées, leurs pas résonnaient dans ma tête. Si l'on croit comme Platon à la survivance des âmes, le site de Nora semble habité par des esprits, vieux de 3000 ans, des esprits bienveillants comme tous les Sardes que j'ai rencontrés. Mon escapade s'annonçait riche en surprises diverses et variées.