vendredi 12 janvier 2018

Rubrique cinéma

Mardi après-midi, séance cinéma avec "L'échange des princesses" de Marc Dugain, d'après le roman de Chantal Thomas. En 1721, Philippe d'Orléans, Régent de France, décide avec autorité un "échange de princesses" pour consolider la paix avec l'Espagne après des années de guerre qui ruinent les deux pays. Louis XV n'a que 11 ans et va devenir Roi. Il doit épouser l'Infante, Anna Maria Victoria, âgée de 4 ans ! Le Régent impose aussi à sa propre fille, Melle de Montpensier, de se marier avec l'héritier du trône d'Espagne, Don Luis. Le film raconte donc cet échange insolite entre des enfants. Le petit Roi regarde sa promise comme une "naine", une petite fille miniature qu'il ne voit pas comme sa future femme. Il lui dit dans un instant de cruauté qu'elle ne grandira jamais. En Espagne, Don Luis tombe immédiatement amoureux de sa promise, Melle de Montpensier, mais elle le repousse et se refuse sans cesse. Cette jeune fille rejette cette mascarade royale et pesante et se conduit comme une rebelle dans le décor glacial du palais. Don Luis se suit pas les conseils grossiers de son père qui exige de son fils un comportement de "mâle". Philippe V, interprété par Lambert Wilson, possède une foi excessive et hystérique. La raison d'état prévaut sur tout. Son fils ne survivra pas à la maladie mortelle, la variole, qui le frappe alors que sa jeune épouse commençait à l'accepter car le jeune homme la respectait. Louis XV finira par se lasser de la petite fille et la renverra en Espagne. Dans ce monde compassé et raide, Melle de Montpensier détonne et apporte au film une respiration salutaire. Le spectateur(trice) est captivé(e) par les décors somptueux de ce monde monarchique et par le décorum flamboyant avec une myriade de domestiques dans tous les moments de la vie des monarques (y compris dans leur cabinet de toilette). Seules, les femmes apportent au film beaucoup d'humanité : la candeur de la petite infante, innocente et bienfaisante, le caractère rebelle de Melle de Montpensier, la présence de la grand-mère du jeune roi (qui proclame que les femmes sont de "la viande à marier"), et surtout le rôle discret, généreux et émouvant de la gouvernante, interprétée magistralement par Catherine Mouchet. Ce très bon film historique décrit un monde fermé, hiérarchisé à l'extrême, dominé par le pouvoir masculin. Les femmes n'ont aucune liberté, aucun libre-arbrite. Heureusement, elles résistent par leur silence, par leur générosité et par leur innocence... Marc Dugain semble éprouver une grande tendresse pour elles... L'année cinématographique commence bien...