jeudi 10 septembre 2015

Rubrique cinéma

J'avais beaucoup apprécié le dernier film de Paolo Sorrentino, "La Grande Belleza" et je suis allée voir cet après-midi, "Youth" à l'Astrée. Le cinéma raconte rarement des histoires de "vieux", ou de séniors (pour parler plus correctement). Les cinéastes préfèrent évidemment la beauté de la jeunesse... Paolo Sorrentino a choisi deux octogénaires, Fred, le chef d'orchestre compositeur et Mick, le cinéaste en quête de scénario. Ils se retrouvent dans un hôtel de luxe en Suisse dans un décor enchanteur. Fred reçoit un émissaire de la Reine pour un concert commémoratif. Il refuse cet honneur pour des raisons mystérieuses. Son grand complice, Mick, veut réaliser son film-testament et s'entoure de scénaristes dévoués et loufoques. Il veut tourner avec la star de sa jeunesse qu'il a lancée lui-même (interprétée par Jane Fonda).  Des personnages "felliniens" gravitent autour de deux personnages principaux : un jeune acteur en crise qui préfère Novalis au cinéma commercial, un footballeur vedette obèse et essoufflé,  un couple mutique, un moniteur d'escalade poète, etc. La fille de Fred est mariée au fils de Mick et leur séparation sert d'accélérateur dans ce film drôle et amer à la fois. Le cinéaste montre le naufrage de l'âge, les amours perdus et inaboutis, la comédie sociale, la vanité, la petitesse, le cynisme,  la vulgarité. Mick reçoit "son" actrice octogénaire et elle lui annonce son refus du rôle dans le film-testament car elle va tourner une série qui va lui apporter le confort financier. Fred réconforte sa fille qui règle ses comptes avec lui sur son égocentrisme légendaire. Je ne veux pas dévoiler la fin du film et certaines scènes "lumineuses" (le concert final, le vieux footballeur en train de jongler avec une balle de tennis) suggèrent que l'art dans la vie peut lui donner du sens. Un beau film grinçant, ironique, drôle et tellement proustien sur le temps qui passe...