mardi 24 mai 2011

Quand j'étais normal

Quelquefois, en lisant bon nombre de romans écrits par des écrivains français, je regrette que le "social" ne soit pas assez décrypté, mentionné, décortiqué, exposé, présenté. C'est pour cette raison que je lis davantage de romans étrangers souvent anglo-saxons car la littérature doit évoquer le monde dans lequel on vit pour l'expliquer, le dénoncer, le louer, bref apporter un commentaire éclairant. J'ai fini ce matin un roman d'un écrivain français, Marc Weitzmann. Je connais peu cet écrivain mais il a un sacré talent pour restituer une atmosphère délétère de la société française. L'histoire se passe en 2003. La canicule sévit à Paris et le personnage principal, Gilbert Bratsky, travaille dans une agence de communication. Il aborde la question de l'antisémitisme à travers un personnage odieux, un copain de jeunesse, Didier Leroux qui a eu toujours un comportement limite. Vingt ans plus tard, Gilbert Bratsky le retrouve introduit dans la vie militante de ses parents qui n'ont jamais renoncé à leur idéal politique de justice. Pour les parents du narrateur, seule la culture peut sauver les individus mais Gilbert sent bien que le copain de jeunesse convoite ses parents, les parasite. Gilbert Bratsky se rend vite compte de ce rapt "symbolique" et de la haine que son ex-copain ressent contre les gens "normaux", ceux qui ont réussi à se bâtir une vie de citoyen "normal", honnête et intégré. Didier n'est que ressentiment, jalousie et violence. Il finira par avouer un meurtre gratuit pour se sentir exister. Gilbert mettra un terme à cette relation "dangereuse". Marc Weizmann décrit dans son roman la violence sociale et familiale, les rancoeurs des laissés pour compte, la brutalité des relations entre individus qui n'ont pas les mêmes intérêts dans la vie. Et cette chaleur moite circule dans le livre et nous donne des sueurs de malaise... Roman social, roman lucide, réaliste, à la "Zola" d'un XXIème siècle.