mardi 26 mai 2015

"La traversée des plaisirs"

Patrick Roegiers est un écrivain belge de langue française. Il n'est pas connu du public mais son œuvre s'inspire de la photographie, car il a publié des monographies sur Diane Arbus, Lartigue, Doisneau, etc. Il a écrit aussi quelques romans dont "Le bonheur des Belges" en 2012. Je suis tombée par hasard sur son dernier ouvrage, "La traversée des plaisirs", édité chez Grasset en 2014. Je l'ai lu "d'une seule traite" tellement l'enthousiasme de l'écrivain pour la littérature et les livres s'avère communicative. J'éprouve une tendresse particulière pour les écrivains qui lisent, qui dévorent les textes de leurs confrères (hommes et femmes), qui ne vivent que pour leur drôle de passion : écrire, écrire et toujours écrire. Je suis persuadée que l'on ne devient pas écrivain si l'on n'est pas un grand lecteur... Ecrire et lire, deux actes similaires et la culture littéraire d'un auteur nourrit totalement son œuvre. J'ai rencontré un jour dans une bibliothèque, un peintre qui exposait ses tableaux abstraits. Quand je lui ai posé la question de ses influences "picturales", il m'a répondu qu'il ne connaissait pas les peintres d'hier et d'aujourd'hui... Je suis restée sans voix. Patrick Roegiers évoque sa reconnaissance éternelle à la littérature française, aux livres et aux écrivains. Comme il a décidé de ranger sa bibliothèque, il délivre des anecdotes drôles sur les raisons d'écrire, les maladies qui frappent les écrivains, leur taille physique, leurs goûts culinaires, leurs chambres, leur mort, leurs manies et bien d'autres sujets. Ce texte hétéroclite, ludique et éclectique va ravir les amoureux du monde littéraire, des livres et des mots. La méthode de Patrick Roegiers, l'élaboration de listes loufoques, donne à cet ouvrage un côté "Perec" qu'il admire en tout premier lieu. Dans la deuxième partie du livre, il dresse le portrait de neuf grands auteurs   : Perec, Beckett, Céline, Dubillard, Leiris, Barthes, Michaux, Robbe-Grillet, Claude Simon. Un hommage vivant, vibrant, rafraichissant. J'ai surtout retenu le portrait de Georges Perec, un de mes écrivains préférés qui a écrit cette phrase lapidaire : "Ecrire, c'est essayer désespérément de retenir quelque chose".