lundi 6 mars 2023

Escapade à Biarritz, 1

 Je viens de passer un séjour à Biarritz avec un froid ensoleillé, inhabituel pour la Côte basque. Car, je ressentais trop le manque de l'océan et je retrouve régulièrement aussi mes racines familiales dans ce si beau coin de France. Ma location provisoire d'un studio au sommet d'un grand immeuble face à la Grande Plage m'a procuré un "sentiment océanique" salvateur et je m'imaginais telle une gardienne de phare face à ce panorama sublime entre l'Hôtel du Palais et le Rocher de la Vierge. Devant mes yeux sans cesse à l'affût, l'océan s'agitait, gigotait, bougeait, se prélassait sur la Grande Plage. Le soir, les couchers de soleil transformaient le paysage en toile de Turner. Je me sentais toute petite face à ce panorama de vagues somptueuses. Regarder l'océan pendant des heures ressemble à un exercice de contemplation, une contemplation de plénitude sereine. Quel délice de déambuler le long des plages mythiques, du Miramar à la Côte des Basques, en passant par le port des pêcheurs ! Dès le matin, je ne croisais que quelques propriétaires de chiens et des sportifs locaux. En me promenant, j'ai discuté avec un pêcheur dans le port où les maisonnettes appelées crampottes n'ont pas changé depuis des décennies. Il venait d'attraper avec son bateau des maquereaux et des aloses. Il m'a offert deux poissons pour mon repas de midi ! Il règne une atmosphère paisible, charmante quelque soit le lieu où l'on se trouve. La beauté de la cité basque apaise et console.  Les atouts de Biarritz : un air iodé en permanence, des mouettes dansant le fandango local dans un ciel bleuté, des surfeurs traversant les rues avec leurs belles planches sous le bras comme de bizarres extraterrestres, vouant un culte particulier aux vagues. Dans cette ville si particulière, la nature et la culture se mêlent à merveille et je m'arrêtais souvent dans le Bookstore, la librairie de la Place Clémenceau que je fréquente depuis les années 70. Le matin, sur la Grande Plage, un bulldozer de la mairie ramène le sable en amont car les vagues éloignent cet élément vers le large et sans sable, pas de plage. Ce travail de Sisyphe, éternellement recommencé, montre bien la puissance de l'océan et l'acharnement des humains pour préserver un lieu mouvant. Je sais que Biarritz possède un côté blingbling, un goût du kitsch basque, avec ses boutiques de mode, ses restaurants chichiteux et ses soirées mondaines. Il existe aussi  l'énergie vitaliste des vagues, la présence solide des rochers près du rivage, le port confidentiel et caché des pêcheurs, la valse incessante des mouettes rieuses, l'attente des surfeurs et surfeuses en quête d'un bon rouleau, la gentillesse attentive des Biarrots, un air salé et revigorant. Biarritz, une ville élégante, légère, énergisante, ma deuxième Ithaque.