mardi 23 février 2016

Réforme de l'orthographe

L'orthographe ou ortografe, j'avoue que je préfère la première façon d'écrire ce mot d'origine grecque : ortho pour droit et graphie pour écriture... Encore une idée décalée et inutile de notre ministre de l'Education qui a pourtant des chantiers bien plus importants à gérer que de s'occuper de notre orthographe française. J'ai eu la curiosité de lire les nouvelles consignes que l'on trouve facilement sur Google. J'ai vérifié quelques modifications ou simplifications souhaitées et j'avoue que ces changements me laissent perplexe. Ecrire au singulier, compte-goutte au lieu de compte-gouttes, weekend au lieu de week-end,  tictac et non plus tic-tac, ne plus poser l'accent circonflexe sur certains mots, mettre des tirets aux adjectifs numéraux (deux-cents, vingt-et-un), etc. Pourquoi pas ? Mais il semble que nos fonctionnaires de l'éducation admettent que les deux manières d'écrire peuvent cohabiter... Alors, pourquoi faire cette réforme ? Mystère... J'ai beaucoup apprécié l'article de Cécile Ladjali dans le Monde du vendredi 19 février : "Oublier l'histoire des mots, c'est renoncer à nous-mêmes". L'auteur très sensible aux problèmes de l'illettrisme défend l'orthographe en son état actuel. Son texte plaide pour la mémoire des mots qu'elle compare aux "gracieuses auréoles du bois des arbres". J'ai retenu surtout ce passage : "Nous habitons notre langue et trouvons dans le langage un confort douillet dès lors que l'habitacle est solide."  Elle ne nie en rien que la langue française est difficile, que vaincre l'orthographe demande un effort, une règle, une discipline. Si l'on renonce à cette exigence, le monde sera divisé en deux camps : "d'un côté, les riches de mots qui auront appris le latin ou le grec et orthographieront correctement ; de l'autre côté, les pauvres de mots qui flotteront parmi les signes, en subissant le joug humiliant de ceux qui parleront et penseront à leur place." Je partage entièrement son parti pris contre la "misère linguistique" et l'école de la République doit donner à chaque élève la chance de parler et d'écrire la langue française sans céder au laxisme et à l'abaissement du niveau. Faire des fautes d'orthographe n'est en aucun cas un "crime" linguistique, mais chacun peut réaliser des efforts pour surmonter les difficultés orthographiques en considérant ce devoir comme un jeu d'une jubilation sans fin...