vendredi 2 octobre 2015

Retour de Grèce, 3

Hier, j'ai évoqué le site majeur de l'Acropole, dominant la cité, attirant plus de trois millions de touristes par an. Mais, en fait, il suffit de faire quelques pas pour se retrouver presque seul devant un monument de toute beauté. Cela m'est arrivé quand j'ai pénétré dans l'enceinte de l'ancienne Agora, au pied de la colline sacrée. Ce site date du VIe siècle avant JC et j'ai arpenté avec une fébrilité de "groupie" de la Grèce antique les allées menant aux différents espaces de ce carrefour de la vie publique avec ses commerces, ses édifices administratifs et civils, ses maisons dont il ne reste que des traces sur le sol.  Deux édifices dominent l'ensemble : le Théséion, un beau temple dorique (6 colonnes sur 13) consacré au dieu Héphaïstos, en très bon état et la Stoa d'Attale, roi de Pergame, qui abrite le musée de l'Agora. Cette magnifique galerie expose une collection de statues et de têtes en marbre représentant des hommes politiques de l'époque et des dieux toujours présents sur cette terre grecque. On y admire aussi les objets trouvés dans l'Agora antique. Lors de cette découverte, je voyais déambuler les citoyens d'Athènes dans leurs activités sociales et politiques. Plus loin, l'Agora romaine du 1er siècle après JC présentait des ruines plus abîmées mais je pouvais constater l'existence d'un ancien marché derrière une porte monumentale d'Athéna. Hélas, la Tour octogonale des Vents était en rénovation... Mais, je voulais aussi aller à la rencontre de l'empereur Hadrien, amoureux de la Grèce, qui a construit une bibliothèque où furent déposés 17 000 rouleaux de papyrus. On ne voit que des pans de mur avec des niches réceptionnant ces livres antiques. Imaginez-vous ce lieu de l'écrit, du patrimoine complètement disparu. Mais, ces lambeaux de pierres noircies par le temps, témoignent de ce "miracle grec", berceau de la littérature, de la philosophie et des mathématiques. Les épousailles de la démocratie et de la bibliothèque jaillissent comme une source du savoir qui a permis la naissance de notre histoire occidentale... Athènes réserve encore quelques belles surprises comme le site de l'Olympieion, temple gigantesque dont il reste une quinzaine de colonnes, terminé par le même Hadrien. Quand on prend le tram ou un bus, ces colonnes d'une hauteur impressionnante apparaissent comme des vigies de l'Antiquité dans cette cité urbanisée  à outrance. Je n'oublierai jamais le métro de la place Syntagma où j'ai remarqué un squelette reposant depuis des siècles dans un mur reconstitué. Ce frère ou sœur humain(e) a été retrouvé lors des fouilles entreprises pour créer cette ligne en 2004. Cet homme ou cette femme dort à tout jamais devant les passants innombrables de la station. Qui est-il (elle) ? Quels sont ces rêves secrets ? Je suis allée le ou la saluer pour rompre son sommeil de pierre... L'archéologie déclenche des fortes rêveries évidemment romanesques !