jeudi 19 mai 2011

Eloge de la marche

Je lis chaque semaine la chronique de Jean Birnbaum dans le Monde Magazine où il parle de philosophie. Daté du 14 mai, le journaliste philosophe évoque la marche et la pensée. Penser chez soi, dans son bureau, dans sa tour d'ivoire ne suffit pas. Il faut se mettre en mouvement pour que la pensée se développe, s'affirme et s'inscrive sur le papier. Il nous conseille de lire l'ouvrage de Frédéric Gros, "Marcher. Une philosophie", paru en poche dans la collection "Champs" chez Flammarion. Beaucoup d'écrivains et de philosophes s'adonnent à la balade pédestre, à la randonnée tranquille ou à la flânerie urbaine. L'éloge de la marche devient pour Frédéric Gros une conquête libératrice, "la marche, on n'a rien trouvé de mieux pour aller plus lentement". Cet article sur la marche m'a donné envie de lire cet ouvrage et je préfère pour ma part marcher seule dans un paysage où la présence de l'eau me semble indispensable. Je crains les performances techniques de certains randonneurs qui ne pensent qu'à leur exploit physique. Pensent-ils à leurs lectures quand ils arpentent les chemins escarpés ? La marche est une lecture du paysage et combien de fois, alors que je marchais à mon rythme de "retraitée", j'ai observé une quantité de micro-événements : un gros poisson gobant une mouche, des tortues cistudes se prélassant au soleil, des mouettes rieuses dans le ciel, des cygnes orgueilleux, des canards coquins et amoureux, des poules d'eau noires et solitaires, tout un spectacle naturel qui nous fait du bien et qui nous rafraîchit l'esprit. Le lac du Bourget où je vais souvent me balader devient pour moi un livre illustré de mille couleurs, sonorisé de silence et de bruits amortis par les arbres. Marcher renforce mes idées et me prépare à la lecture. En plus, il fait très beau en ce moment... Profitons-en !