jeudi 6 février 2014

"Standard"

Je n'ai pas éprouvé une grande émotion en lisant ce roman de Nina Bouraoui, mais je l'ai pourtant terminé pour deux raisons : j'ai apprécié la description de notre société, une société française tendue et le portrait d'un homme d'aujourd'hui, anonyme et standardisé. Bruno Kerjen travaille dans une entreprise de composants électroniques et il consacre son temps de nuit sur Internet dans des sites pornographiques. Pas de sentiment, pas d'idéal, aucune croyance, aucune idéologie : il est terne, d'une "ternité" permanente, mais il n'est pas malheureux. Son indifférence aux autres, à ses parents et à son entreprise le rassure et le conforte dans sa méfiance du monde. Cet homme de 35 ans n'attend rien de la vie, il est au point mort, à plat. A l'occasion d'un séjour chez sa mère, près de Saint-Malo, il rencontre son ancienne amie, Marlène, qu'il a connue au lycée professionnel. Il était amoureux d'elle mais n'a jamais osé lui parler de son sentiment. Il se  met pourtant à imaginer qu'ils pourraient entamer une relation, d'autant plus qu'elle le relance et se confie au téléphone. Ils vont se revoir sur la base d'une amitié amoureuse. Cet homme "standard", que l'on ne remarque pas dans la foule anonyme de la banlieue, décide d'agir et de la séduire. Il se remet à la musculation, commence à rêver d'une autre vie. Elle a des problèmes d'argent et lui demande de l'aide pour lancer une petite entreprise. Il va accepter d'utiliser ses propres économies pour qu'elle se réalise son rêve professionnel. Ils se retrouvent dans un hôtel et Bruno espère enfin qu'ils vont "s'aimer"... Mais, je ne dévoilerai pas l'issue de leur rencontre. Bruno va-t-il enfin changer sa vie ? Marlène partage-t-elle le même sentiment que lui ? Nina Bouraoui réussit paradoxalement à nous intéresser à ce personnage sans illusions et sans passions et le lecteur(trice) espère que Bruno éprouve dans sa vie une passion pour un être, un idéal ou la vie, tout simplement...