jeudi 12 décembre 2013

Atelier de lecture, 2

J'avais donc préparé, pour la deuxième partie de l'atelier, un lot de livres ayant obtenu un des quatre prix littéraires les plus populaires : le Goncourt, le Renaudot, le Femina et le Médicis. Michèle avait fait une lecture sérieuse et approfondie avec une prise de notes de "La carte et le territoire" de Michel Houellebecq, Goncourt 2010. Elle a donc conté l'intrigue complexe de ce roman contemporain assez dérangeant pour beaucoup de lecteurs qui "n'accrochent pas" au style de cet écrivain si particulier dans le panorama littéraire hexagonal. Son personnage central, un double de Houellebecq, artiste photographe de cartes routières et des métiers, rencontre une femme russe, Olga, dont il tombe amoureux, règle ses comptes avec son père, évoque le pays comme un parc touristique, mêle des faits réels à la fiction. Un livre surprenant et atypique à découvrir malgré le manque de "charisme" de cet écrivain français mal aimé... Geneviève avait tiré au sort Gilles Leroy, "Alabama song", Goncourt 2007. Ce livre raconte l'histoire déjà très utilisée du couple mythique Zelda et Francis Scott Fitzgerald dans les années 20, le tourbillon de leur vie mondaine, le succès littéraire, leurs problèmes de couple, un roman jugé superficiel et creux selon Geneviève. Régine a lu et peu apprécié "La vie est brève et le désir sans fin" de Patrick Lapeyre, Femina 2010. Encore une histoire d'amour entre deux hommes et une femme, un peu lassant et répétitif dans la production romanesque. Mylène n'était pas non plus très enthousiasmée par "Personne" de Gwenaëlle Aubry, Femina 2009, mais au fur à mesure de sa présentation, elle a reconnu l'originalité de ce récit autofictionnel sur le père de l'écrivaine, dépressif chronique écrivant son journal dont elle a utilisé des extraits dans son livre. Un roman-abécédaire, un récit singulier à découvrir. Evelyne a  vraiment apprécié "Suite française" d'Irène Némirovsky, Renaudot 2004. Ce roman posthume dépeint l'exode de juin 1940, vécue dans des familles bourgeoises ou modestes où la solidarité semblait fragile et la lâcheté manifestement plus répandue. Evelyne a évoqué "Le silence de la mer" de Vercors dans la dernière partie du livre où une mère et sa fille reçoivent par obligation un gradé allemand dans leur maison. Rappelons qu'Irène Némirovsky a écrit de nombreux romans dans les années 30 et qu'elle est morte assassinée à Auschwitz en 1942. Janine a beaucoup aimé "Le soleil des Scorta" de Laurent Gaudé, Goncourt 2004. Ce roman qui a rencontré un grand succès auprès du public. Il évoque une lignée patrimoniale des Pouilles en Italie du Sud, les Scorta, depuis 1870 à nos jours où les secrets de famille sont cachés. Janine avait pris soin de noter des phrases qu'elle nous a citées et qui, je crois, ont donné un avant-goût du style poétique de Laurent Gaudé. Véronique a lu avec plaisir "Peste et choléra" de Patrick Deville, Femina 2012. Les aventures picaresques d'Alexandre Yersin, découvreur du bacille de la peste en 1894, ont semblé conquérir notre lectrice ainsi qu'un vaste public en 2012. Danièle a terminé la séance en évoquant un livre fort et douloureux de Jean-Louis Fournier, "Où on va, papa ?", Femina 2008. Un père raconte la vie de ses deux fils handicapés, un enfer quotidien où l'humour décalé et décapant de l'écrivain allège ce récit bouleversant. Conclusion, les prix littéraires peuvent plaire ou déplaire comme l'ensemble des parutions d'une rentrée littéraire lambda... Mais, ils ont une place d'honneur dans la presse et les médias, ce qui les rend beaucoup plus visibles que leurs confrères, hélas, trop vites oubliés.